les soeurs blanches 2
01/12/2014 08:09 par sidilhadi
L’éternel Saint patron de Taourirt n’Ath Menguellat
(Allah est le seul et l'unique Protecteur).Il est indigne de parler de l’histoire d’un village de Kabylie sans évoquer les grands hommes et les saints qui ont marqué sa mémoire. Si l’on cherche à découvrir l’histoire de Taourirt n Ath Menguellat, un village situé à proximité de la ville de Michelet, on constate que durant très longtemps, pendant des siècles, le village a joui de la miraculeuse protection de Si Lhadi.D’après l’histoire de ce village, les premiers à venir s’installer à Taourirt furent deux frères, Si Lhadi et Si Ameur. A nos jours les noms des deux familles existent toujours.On raconte que Si Ameur aimait mieux s’adonner aux travaux des champs, Si Lhadi quant à lui, travailla à propager sa foi dans le pays.Le renom de sa sainteté déborda les limites de son village et il laissa à ses descendants son miraculeux pouvoir.Les Si Lhadi, ainsi qu’en témoignent des récits anciens, exercèrent dans Taourirt une influence considérable. Ils aidaient pour apaiser les discordes intestines, donnaient de sages conseils pour la conduite à tenir avec les ennemis extérieurs, le tout accompagné de miracles où la légende doit avoir apporté une bonne part d’admirative exagération.Autrefois Taourirt était entouré d’une muraille. On entrait et en sortait par les deux portes dont les noms sont restés, l’une s’appelait porte du côté de l’ombre "t-tabburt umalu", l’autre du côté du soleil "t-tabburt usammer".Le mur qui entourait Taourirt s’effondra. On le reconstruisit. Peu de jours après, il était de nouveau par terre. L’échec se produisit d’ailleurs plusieurs fois : le mur tombait et on le reconstruisait. Fatigués, les habitants de Taourirt dirent un jour à Sidi Lhadi pour quelle raison le mur s’effondrait à chaque fois. Sidi Lhadi fit alors le tour du rempart qu’il toucha de son bâton, et le mur tomba aussitôt. S’adressant aux habitants da Taourirt il leur dit "je vous ai entouré du rempart de la protection divine, si un malfaiteur pénètre dans votre village, il se fera prendre”. A ce jour tout voleur qui pénètre dans le village est immédiatement démasqué.
Une histoire de chat.
Il y eut une fois une grande dispute dans Taourirt. Les villageois furent rassemblés et Sidi Lhadi s’adressant aux gens leur dit : "Je jure par mon ancêtre, Bou-Derbal, qu’il ne se produira plus aucune dispute, il n’y aura plus aucun dommage dans ce village, tant qu’un chat ne pourra pas sauter d’un toit de Taourirt sur un toit de Ouaghzen". Ouaghzen est un village avoisinant de Taourirt, ils sont séparés uniquement par un grand espace qui s’appelle Ighil Ouinni. Ainsi, dès qu’il y a quelques troubles, on se rappelle la parole de Sidi Lhadi, c’est une garantie jusqu’à maintenant. Mais il faudrait que les habitants du village de Taourirt prennent leurs précautions, parce que les bâtissent prennent de plus en plus de l’ampleur, et les deux villages se rapprochent de plus en plus, et cela deviendra facile aux chats de passer d’un toit à l’autre sans aucune difficulté.
Et encore
Dispute pour un morceau de viande Autrefois il y avait des des saints marabouts " imrabden n laali "qui faisaient des miracles. Les habitants de Taourirt firent un partage de viande. Cela se fit le soir. On rassembla les gens pour leur donner leur part de viande. Tous en eurent, sauf quelques familles qui furent oubliées. On courut prévenir Sidi Lhadj Lhadi, que Taourirt est sens dessus dessous. Il arriva portant son étendard, ils le laissèrent pénétrer parmi eux et se turent ; toute cacophonie cessa. On lui expliqua ce qui était arrivé. Certains prirent la parole pour dire qu’ils avaient pas reçu leur part de viande et qu’on les avait oublié. Sidi Lhadi demanda alors à tout le monde de retourner chez eux, et que chacun rapporte sa part de viande à la tajmât. Certains furent obligés de la retirer de la marmite. On rapporta tout à tajmât et on recommença le partage. L’opération terminée, Sidi Lhadi les maudit en leur disant "vos timechret seront toujours insuffisantes !”
Et de fait même si on immole quatre bœufs il n’y en a pas plus que si on en avait immolé un seul. Encore maintenant, lors des thimchret, les gens de Taourirt ont à peine de quoi mettre un peu de viande dans leur marmite tellement leur part est petite.Il ne fit pas que maudire Taourirt, on le conçoit, il ajouta le souhait suivant : "A y at Tewrirt, a ken- ig Rebbi am igeclal : win ichuffen, wayed ad yens ! A Ken-igeaal Rebbi am lqermoud : wa yettak i wa !".Que dieu vous fasse semblables aux soufflets de la forge, si l’un de vous s’excite, que l’autre l’apaise, qu’il vous fasse comme les tuiles qui se recouvrent mutuellement !On raconte encore beaucoup de choses sur Sidi Lhadi car la dévotion est grande envers lui. On affirme ainsi que, jusqu’à la guerre d’Indépendance, il a continué à faire l’appel à la prière, d’où le don de lfetra qui était fait à la fin du Ramadhan aux membres de sa famille.
L’histoire de la peste à Taourirt
Si Lhadi "Azidane", comme ces descendants l’appellent, revenait de la Mecque. Le village se porta à sa rencontre au lieu dit Ahchad-Boukouir. On le salua : la paix avec toi, ô Si Lhadj ! Dieu soit remercié de t’avoir ramené saint et sauf !Il répondit : et vous mes amis comment allez-vous ? Les habitants lui dire que la peste était dans le village et y faisait des ravages incroyables, tous les jours un enterrement ! Et ils se mirent à pleurer.Si Lhadi leur dit "la peste est terminée pour moi, je donne ma vie pour le village".Il vécut encore peu de temps puis fut rappelé à Dieu. La peste avait fui, mais lui, était mort, que dieu ait son âme !Sidi Lhadi, "celui qui portait des haillons rapiécés", voyant arriver le moment de sa mort, rassembla ses enfants. Si je montre leur dit-il, quelque signe de ma puissance, élevez-moi un mausolée ; si je ne manifeste rien, ne me bâtissez rien. Il mourut. Le lendemain, ses enfants virent un lion sur sa tombe, il tournait autour en délimitant les fondations. Alors ils achevèrent la construction miraculeusement commencée.Sidi Lhadi "en guenilles" n’est pas enterré dans la terre mais dans un cercueil. Son habit rapiécé on l’a déposé sous ce cercueil. On dit que si deux hommes se disputent, on le retive et leur querelle s’arrête, et s’il ne pleut plus, qu’il y a de la sécheresse, on le prend et la pluie tombe, la sécheresse cesse. Le protecteur de Taourirt Ath Menguellat a, autrefois, implanté sa canne dans le lieu dit Lhara Nath Oudinare, et un grenadier y a poussé. A ce jour les propriétaires de cet endroit en prennent soin et personne n’a osé le ruiner.
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chez les soeurs,non seulement elles apprenaient à lire et ç écrire à nos filles,mais elles leurs enseigner les manières de tenir la maison..
de ce fait elles apprenaient à faire la cuisine,changer un enfant,tricotter,tisser,coudre,soigner,faire de la poterie,de la vannerie...
Ces soeurs se déplaçaient aussi vers les maisons et s'occupaient des femmes du villages,auquelles elles prodiguaient de nombreux conseils,hygiène..
Quand on s'imagine que nos grandes-mères et grand-pères ont commencé à fréquenter l'école à la fn du 17ème siècle 18..!
On a eu la chance d'avoir l'une des premières école de l'Algérie Française.
Cette école ,plus connue par le nom du lieu ou elle fût battie Ouaghsen.
Dans mes recherches concernant notre village Taourirt.
Non seulement les conquérants Français ,détruisaient les villages en 1850/51,mais avant,ils recherchaient tout ce qui est documents, livres,manuscrits...et bien sûr tout butin intéressant.
téléchargez les images et lisez de vous même.
-Et l'on peut voir que les Beni Menguelat ,plus précisement Taourirt,n'a été conquise définitivement qu' en 1871,Fort National fut asssiégée en 1857.
Les Taourirtis ont participé à toutes les batailles depuis 1830,jusqu'à 1871.
et en 1954..
Nous sommes fiers de nos vallereux hommes Ath ennif etti rougza...
Ne laissons pas nos enfants sortir de cette voie!Ils doivent connaître
l'Histoire de leurs ancêtres.
réf:Une mission médicale en Kabylie / par le Dr L. Leclerc,... -J.-B. Baillière (Paris)-1864
Arrétés DU 5 AVRIL 1872.
Le Gouverneur général civil de T Algérie,
Vu l’Ordonnanc© du 31 octobre 1845 ;
Vu la loi du «6 juin 1851, aticle 22, 2 ;
Vu l’article 7 du Sénalus-Consul du 22 avril 1863 ;
Vu lAarrêté du 31 mars 1871, approuvé le 7 mai suivant par le
Ministre de l'Intérieur, et dont l'article 4" est ainsi conçu :
c Sont ou seront frappés de séquestre, les biens de toute nature,
» collectifs ou individuels, des tribus ou des indigènes qui auront
» commis ou commettront les actes d'hostilité déterminés par
L’article 10 de l’ordonnance du 31 octobre 1845. »
Vu l'arrêté du Chef du Pouvoir exécutif, du 5 juillet 1871 ;
Considérant que les 973 indigènes ou familles indigènes, ci-
après dénommés, appartenant à 114 villages du cercle de Fort-National, rentrent dans la catégorie des indigènes désignés par l’article de l'arrêté du 34 mars 1871 ;
Le Conseil de gouvernement entendu
ARRÊTE :
Art. 1". — Les dispositions de l’article de l’arrêté du 31 mars 1871 sont déclarées applicables aux indigènes ou familles indigènes ci-après dénommés, appartenant à diverses tribus du cercle de
Fort-National, département d'Alger . –
Village de Taourirt Beni Menguellet
276 Arezki Nait Matouk, ancien amin el oumena, a poussé à la révolte.
277 Si El Hadj el Hadi, faisait le courrier du cheikh el Haddad, encore en fuite. (Silhadi)
: 278 El Haij Amzian If adassen, a pris part au sac de l’école des Arts-et-Métiers. *
279 Ali Azouaou Nait Youssef, khouan.
280 El Hadj Smaïl ou Chalal, id.
281 Ali ou Achour.
282 El Hadj Kaci ou Si Amar.
283 M'ahmed Nait Sâada.
284 Amar Nait Abdelkader Mokhazi, déserteur.
283 Mohamed el Haoussin Nait Matouk.
286 Sâadi Nait Ibrahim.
287 Si'Mohamed el mahfoud, portait le drapeau de la zaouïa Sidi Saïd ou Tabeb.
288 Si El Hadj Ahmed.
289 Idir ou Chalal.
290 Mohamed ou matouk.
291 Si El Hadj Arezki. (Silhadi)
292 Si Seddik ou R'zali.
293 El Hadj Amar ou Bouanan.
294 Salem Nait Maâmar.
29o Arab Nait Ibrahim.
290 Mohamed Arab Iakouchen.
297 Lamara Nait Ibrahim.
298 Si El Hadj Seddik.(hadj sadok Silhadi)
299 La famille d'Amar Nait Maâdi, tué parmi les rebelles à Icherriden.
300 La famille d'Ali Nait Brahim, id.
301 Ibrahim Iakouchen, blessé devant le fort.
302 Mohamed Ramdan, id., deux fois devant le fort..
Village de Tamjout.
303 Amar Nait El Hadj MônLIa, amin.
304 Larbi Nait Ammour.
305 Mohamed Nait Bachir.
306 El Mouloud Nait Medjebeur.
307 Arab Ibirouchen.
308 Kaci Nait Amrouch.
309 Mohamed Ibouziden.
310 Abed Ihaddaden, blessé aux Beni-Aïssi.
Village Ouait Selid.
311 El Hadj Amar Nait Ahmed.
312 Ferhat Nait Ahmed.
Village d'A it-Ait ilem .
343 El Hadj Amar Nait M'ahmet Saïd.
3U El Hadj Arab Nait Ouaddi.
315 Mamar Nait M'ahmed.
316 Ali Nait Mohamed ou Saïd.
317 Lounis ou Messaoud.
Village de Tililit.
318 AmarAmzian Naitibalala, nom né amin par les khouans.
319 El Hadj Ali ou Ramdan.
320 Mohamed ou Salem Nait el Mouhoub.
321 Larbi Nait el Mouhoub, encore en fuite.
322 Ali Nait El Mouhoub.
323 Amar ou Boussâad, khouan.
321 Arab Nait Harami Saâda, id.
325 Amar Nait Hammi Saâda, khouan .
326 La famille dldir Ibouadjen, tué parmi les rebelles aux Beni-Aïssi.
Vilage d'Ouarzen.
327 El Hadj Ammar Nait Salem, khouan et un des instigateurs de la révolte dans sa tribu
328 El Hadj Amar Naît Salem, khouan.
329 Arezki Nait Salem, amin.
330 Ali ou Messaoud.
331 Ali Nait Qudjaoud.
Village d'El-Kom.
332 Akli Nait Messaoud.
33 î Ibassen Nait Messaoud.
334 El Hadj Femin Ahmed.
335 El Hadj Mahmed Naît Aissa.
336 Salem Imarar.
Village-d’Azrou -Kellal .
367 Mohamed Nait Mohamed.
Village Taourir-Nameur ou Said.
338 Saïd Nait ou Ali, amin.
339 Ali ou Saïd Nait Sliman.
340 EJ Hadj Boussâad Nait Sliman.
34i Ali Amzian Nait Hamou.
342 El Hadj M'hamed Said Nait ou Ali.
343 Amar ou Salem Nait Hammou.
344 ElHaoussin Nait Oudjaoud.
345 Mohamed ou Larbi Nait Embarek.
346 El Hadj Naitbou Azza.
347 Saïd Nait Amar ou Malek.
348 Larbi Nait el Hadj , blessé aux Beni-Aissi •
Village d'Iril-Bougueni.
349 Achour Nait Abdesselam, amiu.
350 El Hadj Lardi Nait ou Ferouch.
35i El Haoussiu Nait Hammou.
332 Ali ou Kaki.
353 Malimed ou el Hadj Nait Saïd.
334 Ahmed ou Embarek.
355 Ali Amzian Nait ou F-errouch, kliouan.
Village de Tgga-MeUoul,
356 Ibrahim Nait Amar.
337 Ahmed ou Amara.
358 El Hadj Mahamed Saïd Nait el Haoussin.
359 Chaban Nait el Haoussin.
360 Mahmed Nait Charqai.
361 Mahmed ou El Hadj Nait Saïd, blessé devant le fort.
http://archive.org/stream/bulletinofficie14algegoog/bulletinofficie14algegoog_djvu.txt
SEPT SEMAINES EN TUNISIE ET ALGÉRIE de H.Richardot Voyage de 1905.
Du village des Beni-Menguellet j’ai conservé le meilleur souvenir. Pourquoi? Je ne saurais trop le dire. Les maisons, le minaret, la djemâa sont quelconques, les rues
sont aussi raides, pierreuses et tortueuses que n’importe en quel village; la vue y
est splendide, mais pas plus que celle admirée aux Beni-Yenni, à Michèle! ou à
Tifterdout. Peut-être est-ce parce que nous avons vu là les plus beaux enfants, les plus jolies fillettes, une surtout dont .les yeux immenses ombragés de longs cils étaient merveilleux. Les garçons parlent couramment le français et le lisent aisément : ils sont instruits par les Pères Blancs qui ont une école au pied même du village.
Cette école est fréquentée par environ cent cinquante élèves, car, chose bizarre, les Kabyles, si réfractaires aux écoles officielles, n’hésitent pas à y envoyer leurs enfants. L’instruction des Pères est gratuite et jamais, sous aucun prétexte, il n’est question de religion; c’est, a dit un magistrat algérien, la laïcité par des religieux.
Cette carte postale de 1900.trouvée sur internet m’a inspiré ce texte. Regardez bien l’image. Regardez comment les champs étaient propres et défichés…Qu’en est-il maintenant!,
Jadis, le plaisir de la promenade en été et même en hiver parfois, est vivifiant, respirant cet air pur de notre montagne, passer à travers tous ces champs et ces vergers façonnés de la main de l’homme.
Nous savons tous que Taourirt n’était qu’une forêt, avant que Sidi LHadi et une certaine vieille dite « Zoubida » (nommée ainsi car son aspect de femme vivant en Hermite faisait peur).
De cette forêt est sorti un village, puis des vergers ont été plantés, pour se nourrir, plusieurs fontaines qui donnaient de l’eau fraîche et limpide..
Le champ du chardonneret, du merle, vous accompagne.
Je revois cette enfance insouciante, courant partout, grimpant sur les arbres, cueillette de fruit, débusquage de nids d’oiseaux. Cherchant la trace des animaux, ainsi que la découverte de leurs terriers.
Les noix, les noisettes, les châtaignes, Tchilmoum….
Mon Dieu que la Montagne est belle!!! (Jean Ferrat Youtube-la Montagne)
Moi je dis savourez ces plaisirs éphémères, cela ne dure que peu de temps hélas!
Mes recherches ont payées ,alhamdoulil Allah.
J'ai découvert et cela grâce aux anciens que Sidi Lhadi n'est pas entérré dans Lem'qam de Taourirt.Mais à Jeddi Menguellet,carré réservé à la famille Silhadi.(Voir photo de la tombe).
L'ingéniosité de ses enfants fait qu'on peut reconnaître cette tombe.
Ils ont percé dans l'une des pierres tombales un trou en cercle parfait.
Quand on y pense ,effectivement à la mort de SidiLhadi la Qoba ou Lem'qam de Taourirt n'existait pas.Ce n'est qu'aprés qu'on l'a édifié.Le Tsavouth est là pour garder spirituellement cette baraka.
Par contre bon nombre de ses descendant sont enterrés à Taourirt,et même un non- marabout...Voir Arcicle Ibrahim nath Mâmmar
Spiritualité et engagement historique : le cas du cheikh Ahmad Ben Youssef (X/XVI siècle)
Par Mustapha Cherif
Le cheikh Ahmad Ben Youssef ne vécut pas en ascète contemplatif et solitaire, mais en homme d'action vivant conformément à cette sagesse prophétique : « Agis pour ta vie ici-bas comme si tu devais vivre éternellement, et agis pour ta vie future comme si tu devais mourir demain ». L'adhésion du cheikh à la tariqâ Shâdhiliyya renforça son autorité, et revivifia le shâdhilisme auprès du peuple profond. Mais en même temps, à cause de sa popularité, il s'attira la méfiance des pouvoirs politiques de l'époque. Cela prit de l'ampleur lorsqu'un important savant et soufi de Tlemcen, Muhanimad Ben Yousset al-Sanûsî décréta publiquement qu'il reconnaissait en Ahmad Ben Youssef un saint et le maître «le l'heure ». De plus le cheikh se préoccupait vivement de l'état du Maghreb en particulier, et de celui de la communauté musulmane en général. En I492, date de la prise de Grenade, notre cheikh avait soixante ans et considérait qu'il la fallait organiser la résistance, au vu des tentatives espagnoles et portugaises d'occuper le nord du Maghreb. En 1415, les Portugais avaient occupé Ceuta, qui leur fut enlevée en I580 par les Espagnols. Lcs soufis se sont regroupés sous la bannière d'Ahmad lien Youssef et de la tarîqa Shàdhiliyya. Les zâwiya sont devenues des refuges et des forteresses. Au début du XVI siècle, Oran et Béjaïa tombèrent aux mains des Espagnols. Le cheikh décida de faire appel à « la Sublime Porte », en la personne des frères Barbaros [Barberousse), chefs de la marine turque en Méditerranée. Entre-temps, il entra en conflit avec le sultan de Fès et l'émir de Tlemcen. Il donna alors l'investiture aux chefs militaires turcs : après quelques défaites et difficultés, la tentative de colonisation espagnole fut mise en échec en 1543, soit plus de vingt ans après la mort du cheikh.
Le cheikh avait des démêlés avec les pouvoirs locaux, car il s'opposait à l'injustice et à l'oppression. Il écrivit un jour à l'émir de Fès. "Abd" Allâh al-Ghâlib, une lettre dont le sens reste énigmatique â ce jour : « Le Seigneur m'a accordé Sa justice et a fait mon portrait d'après Ses propres attributs, si bien que je suis Lui el que Lui est moi. Prince des croyants, ne persécute pas mes fuqarâ sinon les savants (al-ûlamâ) te confectionneront un burnous de neige et t'en revêtiront en pleine canicule, avec de l'eau ils te feront une chandelle, avec du brouillard ils te feront des mèches ». À la lecture de ce message, l'émir al-Ghâlib rassembla les savants pour qu'ils le lui décryptent, mais ce fut en vain. Le cheikh Ahmad Ben Youssef l'ut emprisonné deux fois par les Ziyanis, qui gouvernaient l'ouest de l'Algérie actuelle, la première fois par 'Abd Allah Thâbit, qui exerça son pouvoir de 1504 à 1516, la seconde par Abu Hamû Mûsâ, qui régna de 1516 à 1527, pour des motifs d'opposition, dus en vérité aux critiques fondées du cheikh sur les déviations du pouvoir.
Ahmad Веn Youssef était attaché à l'indépendance de son pays. À son allie turc Khayr al-Dîn Barberousse, il écrivit : « Ton pouvoir ne s'exercera ni sur nous, ni sur nos descendants ni sur nos adeptes. Tu auras la sagesse de tenir compte de ceci, sinon tu seras sanctionné comme il se doit ». Toutefois, le cheikh approuva la présence ottomane en Algérie, comme un bouclier face aux tentatives: d'incursions étrangères.
Après la mort du cheikh, les pouvoirs ottomans du dey d'Alger et du bey d'Oran ont entretenu la mémoire du grand soufi.
http://www.soufisme-fr.com/les-grands-imams-du-tasawwuf/6380-cheikh-ahmad-ben-youssef-x-xvi-siecle.html