enseignement de sidi Ahmed

28/01/2021 10:33 par sidilhadi

https://youtu.be/HOulZ6YJioU

 

Amachahou

02/01/2021 18:40 par sidilhadi

  • Amachahou

    Amachahou

    02/01/2021 18:40 par sidilhadi

«Amachahou rebbi ats iselhou, at’ ighzif anechth ousarou»  = Ecoutez, je vous conte une histoire, Dieu fasse qu’elle soit belle, longue et se déroule comme un long fil.

J’ouvre une Parenthèse pour situer l’histoire :

….La maison de Kabyle était composée généralement d’une grande pièce polyvalente, avec le kanoun au centre. Adaynine, (étable) où on entend les animaux qui ruminent! Le tic-tac du réveil dans sa boîte en bois. On perçoit le bruit du moulin à café. Thârichth (mezzanine) au-dessus, bordée d’ikouffane pour stocker thazarth, (figue sèches) et l’autre pour le blé (irdhen) .Ces jarres sont construite en argile, avec un orifice de face.Ache’vali, posé à terre, est un autre type de jarre plus petite, servant de réserve d’huile d’olive.

Au coin, près de la porte Elvila (grande cruche en argile) qui sert à stocker l’eau ramenée de Timedwin ,la fontaine du village, ou d’Ouaini fontaine du clan Nath Sidi Lhadi.

« A Taourirt Il existait un autre point d’eau appelé Amdhoun N’A3mar, ne donnant pas assez d’eau,  ça finissait toujours en querelles entre villageois ce qui fit sortir Sidi Lhadi de sa khalwa (endroit isolé de méditation, à Ighil Ouaini).Il jeta sa vénérée canne vers le ciel, elle retomba plusieurs lieues plus bas et fit jaillir une fontaine intarissable Thimedwine ! »

Du côté de Tasga, mur opposé à l’entrée, Azetta ou métier à tisser, dressé pour une épaisse couverture (A3dhil) qui entrera dans le trousseau de la prochaine mariée.

On entend les filles papoter tout en s’appliquant à bien faire, l’une est à démêler, ou plutôt peigner (Imchadh) Thadhout’ (laine de mouton) avec Aqardhache, cardes (le cardage).

L’autre, file au fur et à mesure la laine, pour en faire une pelote, prête à tissage.

La grand-mère et la mère s’affairaient à tisser  ,en tenant fortement et de la main droite « obligatoirement » la poignée en bois du lourd peigne en acier,Thimchatt, elle tassent et retassent, les fils de laines entrecroisés délicatement mais sûrement, les uns après les autres.

Les femmes forgent ainsi leur valeur par la force de leur travail et l'habileté de leurs mains.

j’ajoute que pour une femme , avoir le courage de monter sur le toit vétuste, pieds nus, pour dégager la neige de peur que la vielle maison ancestrale ne s’effondre sur ses enfants !!

Mon Dieu ,qu’elle fierté  de me souvenir de ma mère, cette femme à tout faire ,sans se plaindre, jamais !(Akem Yr’Ham Rebbi Ayemma).

Quoi que l’on puisse faire, jamais, mais alors jamais nous ne pourrons récompenser une mère à sa juste valeur,si elles vivent encore, alors tout au moins respectez-les !!

 Thinebdathin,c’est le mur portant l’entrée, un porte literie fait d’une grosse brache suspendu d’une corde à assalas du côté.

taâricht, servait parfois de chambre à l’invité de passage.

du bois d’ass'len, d’oulmou, d’as’ghersif ou de thavelout, (orme,frêne,églantier..) entassés dans un coin  préparé pour le feu.

La nuit tombé, on se regroupe près du feu pour le dîner.

L’unique et large assiette en terre cuite (el meth’red),bien remplie de berkoukes ou des petites billes de patte en forme de petits plomb  ou plus explicitement espèce de gros couscous, dans une sauce rouge composée de louvian vou thimitt (hariots secs), petits poids,fèves sèches,oignons,,de la graisse, dans d’autres région on dit avazine, m’hamsa avec sauce rouge ou blanche.

La sauce dans Thougui prélevée avec Aghoun’ja (soupière et louche) ,reste à chauffer sur le kanoun (trépied) en fer au dessus d’un trou rond d’un diamètre de 30 cm et une profondeur de 20 cm, plein de braise avec des buches enflammées,posée tout autour.  Chacun reçoit sa cuillère en aluminium.

Pour l’eau un bro en tôle émaillée,avec le dessin de tranche de melon.

Nous mangions à même le sol , sur Aguerthile ( natte tressée).

Je ferme cette parenthèse sur la maison Kabyle et de la vie misérable, soit mais pleine de satisfactions arrachées à la force de labeur et de courage .Le respect,la solidarité,la dignité et l’honneur ont forgé ce peuple.

Après le souper, une tisane faite de différentes herbes des champs, est servie dans différentes tasse, je préfère la tasse en argile, qui garde le breuvage au chaud, sans me brûler les doigt, elle appartenait à mon grand-père, Vav’Ameziane, disait ma mère et mon esprit imaginatif et rêveur, voit ce vieil homme enroulé dans son burnous au coin du kanoun ,buvant à petites gorgées ,tout en  soufflant pour refroidir sa boisson chaude.il dormait à Taâricht.

Les filles se sont empressées de ramasser tous les ustensiles de cuisine, l’une d’entre-elles sorti , dans ce froid glacial , prenant la bouilloire, Nouva’s  (son tour) de faire la vaisselle. « Ne gaspilles pas l’eau» ! Ma mère préparait la literie.

Pourquoi ne pas gaspiller l’eau ?  A cette époque l’eau potable était abondante et pure, mais la fontaine miraculeuse ,Timedwine (pluriel de Tamda= mare)se trouvais plus bas dans le ravin lointain.

Imaginez des crûches en argile ,vides pesant 20 kg, remplies d’eau 40 kg .elles sont portées sur la tête en équilibre, posées sur un coussin en tissu enroulé « Aqvav »,ou portées sur le dos ,retenues par une grossière ceinture,,tenu avec la main ,le coude retourné, l’eau  se déversant sur le dos, les pieds nus dans la neige .Gravir une longue piste rocailleuse d’une  montagne abrupte, pour arriver à Taourirt..Certaines femmes en faisait un moyen de nourrir leurs enfants.Cette souffrance est inestimable !

 Donc cette eau chaude servira aux besoins naturels

Je dois vous parler de nos toilettes à cette époque lointaine.

On les nommait « El mej’ra » terme venant de l’Arabe (majari),c’était le petit-coin de chacun ,ne pensez pas aux toilettes modernes avec cuvette avec lumière,lire le  journal..non !!

On s’y rend par une fente étroite entre deux maisons, attention, il ne faut pas être bien gras , on y passe difficilement, mais la misère a fait que tous étions maigres.

La nuit sombre, le froid  la peur des ombres, je me retenais jusqu’au matin. Parfois un accident au lit, oups !

Je me souviens d’une invitée, venue de Tiferdout, grosse qu’elle était, elle est restée coincée toute une journée.

Donc, tout le monde y faisait ses besoins à même le sol et le matin celle de corvée, ramasse le tout et le sort avec les ordures, dans un grand bidon en tôle , vers Aqavouch (décharge du village).

Tâche ingrate certes, mais les filles adoraient ce moment de liberté que représentait cette sortie, c’était comme une permission pour le soldat, leurs champs Elysées ! y retrouver les copines.

Ce lieu particulier, d’ailleurs est interdit d’accès aux hommes la matinée « Haramatt ».

Je dis la literie, parce qu' au lieu de matelas confortables, duvets, couettes, cela n’était pas pour nous en ces années de disette, nous avions seulement Aguerthil jeté sur Thaqaâts (grande natte sur le sol), on y déroulait thak’dhift sorte de large matelas de sol  ,fait de plusieurs couvertures, de différents tissus et peaux de moutons reliés au gros fil.

Les oreillers géants, sorte de « tube » en tissus remplis de laine et parfois de vieux vêtements. Les couvertures tissées par nos mères et grand mères avec de la pure laine de moutons, Aâdhil bien tassé, que c'était lourd, mais ça tenait bien au chaud!

Même la poule savait que le caquetage, c’est terminé, elle dort dans une sorte de demi-cuve pleine de paille du côté de l’étable. Elle donnait un œuf chaque matin.

En ces temps, c’était un luxe d’avoir une radio, TSF disait-on (transmission sans fil), de toute façon on n’en avait pas, car on entendait des chants , écouter des chansons était indécent.

Je ne dormais pas encore, je contemplais le plafond

 Je me suis toujours demandé comment avec le feu au centre de la maison, il n'y avait pas de fumée,  elle montait droit vers le haut sans cheminées aucune, pas de plafond non plus, seulement des roseaux tissés en claies au-dessus de trois  poutres faites de tronc d’arbres ,on devine aisément l’essence des arbres, on appelle la grosse poutre du milieu, Assalas allemas, posées sur   Tikejdha (sorte de pied droit) du même bois, enfoncé dans le sol de part et d’autre de l’unique pièce.

Cette fumée ( Abbou,Appou)  ressort de sous les grosses tuiles faites grossièrement d’argile cuite, posées en quinconce et qui font le toit .

Mais le plafond était noir de suif, cela éloignait les  moustiques et faisait peur aux reptiles (serpents, lézard) disait-on ,quant à l’araignée nous l’aimions, elle a caché notre prophète (SAWS), m’a raconté ma mère.

Blotti bien au chaud sous ces lourdes couvertures. J’entendis le cri d’Ouchenn (chacal), je pensais à ce qu’il pourrait manger.

Soudain : « il neige » a-t-on dit.

« Elle a tardé à venir cette année » répondit Jeddi.             

La neige tombait au dehors, hiver rigoureux et glacial, le froid pénètre par les interstices de la porte vétuste, fermée seulement par une cale en bois. On calfeutre la maison tant que possible.

Je bondis du lit, avant que l’on m’y empêche, je saute sur Adhekan, monte vers Taaricht, j’enlève le goulot de liège, bien calé dans ce trou du mur (c’était l’unique fenêtre). Je pus voir enfin ces flocons de neige qui tourbillonnaient dans le ciel et couvraient les toits. Merveilleux.

« Ferme la fenêtre ,reviens te coucher » mon ange gardienne me surveillait tout le temps.

Il faut comme même dire ,même si je le voulais, je n’aurais jamais pu ouvrir la porte, cette large et pesante planche difficile à déplacer, si l’on n’enlève pas ce bras de bois qui la traverse en largeur et la bloque ,aucun accès possible même avec un char !!

 [Notre porte principale en bois de chêne, tout aussi pesante, avec une serrure ingénieuse  en bois a été emportée par le père Genevois vers un musée de France.

Je perçois le bruit que fait le  réveil, dans sa boite en bois et  fenêtre en verre, représentée par le mouvement d’une poule qui picore sans cesse. « tic-tac »..

« Didick, tu ne dors pas?»

Cette question me rendait heu..reux !! : « Non ».

J’attendais avec impatience que mon père prononce la phrase magique.. «Amachahou rebbi ats iselhou,at’ ighzif anechth ousarou».

Et j’entrais dans monde aussi merveilleux que le pays de merveilles..

 

On entendait plus que la poule qui picore (horloge) « le tic tac..tic tac.. »  et le crépitement de la bûche que l’on vient de rajouter..

Tout dépendait du conteur ou contrice .Parfois une histoire des milles et une nuit, ou bien un conte typiquement de chez nous.

J’avais peur de Tériel, la sorcière hideuse qui se présentait belle  et innocente  pour  détourner les voyageurs, ou alors Aouagh’zniw (ogre) tout déformé avec des dents immenses, caché dans la forêt qui en sort pour manger les enfants..

J’apprécier « Aâqa yassawalenn » ou le grain magique, Thaneq’lets (figuier) n’Belajoudh,Thafounast Igoujillen ( vache des orphelins) et bien d’autres encore d’inoubliables et merveilleuses histoires.

Bien que ma mère avait inventait un autre personnage aussi méchant et sanguinaire, Chaâvane Vouyimidh, j’imaginais un monstre géant,rien qu’en faisant semblant de l’appeler, j’acceptais de faire la sieste !

Je me blottissait contre le sein de ma mère au chaud et je m’imaginait les personnages, le décor, tous ces fauves prêts à bondir,parfois je pleurais par l’émotion suscitée par le conte, parfois émerveillé par la mort de l’ogre ou de la sorcière.J’ai dormi bien avant la fin du conte d’Ali Baba et sa découverte de la grotte des voleurs.

J’ai été réveillé par le chantonnement de la  bouilloire au bord du feu, la casserole de lait, surveillée par ma petite sœur déjà debout.

La galette, vite pétrie et cuite sur le tajine...aghroum aqoran, parfois thamthoun’t, préparée par ces petites filles au doigt de fées, qui ont tout appris dès qu’elles ont commencé à marcher!

Elles sont prêtes pour se rendre chez les sœurs, mon grand-père est sorti en premier, il devait diriger la prière du matin.

Mon père parti plus tôt avec son mulet, il devait rejoindre l’Hotel Transatlatique de michelet, où il travaillait.

La poule et les pigeons, et autres  réveils matin, commençaient à se faire entendre...

Les appels des femmes au dehors qui s'interpellent avec une  voix haute et chantonnate... « à ouizaaaaaa!..a nna ouardiiiiiiiii!!!!! ass vakhelkhiiiiiir ».

« Ekerr, atessir dhedh », me dit ma mère m’ayant préparé de l’eau chaude , debout te laver.

Après une tasse de lait et galette,ma mère m’habit,très chaudement et le m’assis devant sidi lhadi.

Mes petits copains  du voisinage, Mustapha, Smail, Farid, djaffar.. ils avaient tous de belles joues rouges, on pataugeait dans la boue, certains même pied-nus, on jouait avec des jeux que l’on inventait, la carriole en roue de liège et roseau, le jeu du bambou, les billes..Parfois aussi, J’osais aller jusqu’à La Hasna mausolée de la sœur de Sidi Lhadi, vers 16 heures, guetter le retour de mes sœurs. elles me rapportaient toujours un petit quelque chose de leur cantin. elles ont gardé cette part pour moi, en me répétant sans cesse, » aghk’yehrez Reppi (que Dieu te garde).

Chez nous les femmes n’ont pas le droit de prononcer le « b » il était réservé aux hommes, elles prononcent « p » comme « thapourth » les hommes diront « thabourth ».

Le soir venu,  les même gestes et même habitudes pour le  dîner et le  coucher, occupent la maison.

De mon lit j’ entends le chacal japper et le hibou hululer au loin.

On avait même, une copropriétaire, c’était une petite souris que l’on voyait de temps en temps, faire des acrobaties sur les roseaux du plafond, personne n’a pensé à la tuer. Bien au contraire on lui laissait sa part dans un coin, c’était notre mascotte. L’important était que les documents, cahiers et les livres scolaires, soient dans « Assendouq » une large malle en bois, semblable à celle qui servait de valise aux mariées.

Ce soir là, j’avais vraiment sommeil, j’ai eu une journée fatigante avec mes copains, on est allé à Ighil Ouini découvrir « Thissirth » (meule à grain) on en parlait souvent, mais je n’ai jamais imaginé qu’elle était faite de deux grosses pierres bien rondes, l’une était posée sur l’autre, elles meulaient le grain, introduit par poignées, du trou central sur le dessus .Elles tournaient ainsi au rythme d’un âne qui les bougeait difficilement. Magnifique! Mais j’avais une grande peine pour cet animal…

J’ai demandé qui avait façonné et qui a eu la force de tailler ces rocset posé cette meule et à qui elle appartenait ,et,et,et..?

« En’ Sidhi Rebbi ».je m’en suis tenu à cette réponse.

pour le diner, ma mère m'avait préparé Thah’rir’th, sorte de purée faite de semoule cuite dans de l’eau, avec un filet d’huile d’olive.je trouvais cela bon et ça ne me fatiguait pas de mâcher, surtout avec mon épuisement et ça remplissait le ventre.

Je ne sentais pas la misère, car j’étais bien entretenu, mais quand j'ai vu Na Aldjia, qui approvisionnait, nos voisins en eau , pieds-nus dans la neige, ou encore l’un de mes copains portant un pantalon avec plusieurs raccommodages, (Thiffaw’thine) ou des souliers troués, je ressentais de la peine, cette tristesse d’enfant, que ma mère devinait, elle savait me rendre le sourire. Mais cela m’a laissé un complexe de me sentir gêné en portant un vêtement neuf.

[Mon petit-fils me reproche de lui dire de ne pas manger dans la cour de l’école : « d’autres peut être n’ont pas les moyens d‘ apporté un goûter »].

Elle se débrouillait toujours pour laissait une part du diner ou déjeuner de côté : « quelqu’un pourrait passer à l’improviste demander Thin a Rebbi », la part de Dieu.

Certains chefs de famille s’enduisaient les moustaches d’huile, pour montrer à Tajemâat, qu’ils avaient bien mangé, Dieu seul savait que leur ventre était vide. la tête haute et le buste bombé , patients qu’ils étaient !

Cette misère resserrait les rangs, unissait les cœurs. Cela explique pourquoi nos maisons soient toutes pareilles bien alignées, adossées et serrées les unes contre les autres, construites sans différences et avec les mêmes matériaux, en signe d’égalité et de modestie.

Chez les filles c’était plutôt différent, elle se forçaient de  montrer qu’elles avaient une importance et des responsabilités ,la famille  n’avait d’yeux que pour le garçon.

Thaq’chichth’ ,la fille, c’était une bouche de trop à nourrir, elle ira emplir un autre foyer.

Leurs jeux étaient bien naifs,faire une galette de terre, ou encore de porter un bidon en équilibre sur  la tête.jouer à la marelle, elles étaient toujours propres, bien peignées ,les cheveux tressés, malgré leurs robes usées, Aggouss (ceinture )  faite de ficelles de laine de différentes couleurs (Thisfifine)et toujours bien noué, elles étaient fières.  Parfois comme, en l’absence des mâles, elles faisaient  la fête , chanter et danser, mais dès qu’on les entendait, elles étaient vite rappelé chez elles.

Elles excellaient dans les menus travaux domestiques, surveiller Thougui (soupière) , changer et s’occuper du petit frère, pétrir le pain, laver le linge, la vaisselle, donner à manger aux animaux, balayer la maison,nettoyer l’étable,sortir les ordures,se rendre à a fontaine..Oui elles ont participé de toutes leurs forces à aider au développement de la famille, puis elles partent en pleurant créer propre  leur famille, avec l’expérience déjà acquise.on ne revenaient au foyer qu’un an plus tard.J’en connais qui n’ont vu leur maman que 7 ans plus tard..

Cette après midi-là,on reçu la visite d’une vielle dame qui ressemblait à Terriel,elle avait beaucoup de rides,elle portait de vielles robes,l’une sur l’autre,un foulard ,chiffonné et mal noué,avec  Thisfifine très longues,elle a voulu m’embrasser ,j’ai crié et me suis caché derrière ma mère..

« aya âggounn’ ( idiot), c’est khalti fatma Nath Sidhi’hmed »

Elle était accompagnée d’un petit garcon, que j’ai vite accepté, il s’appelait nassar,on a joué ensemble le reste de la journée..

Le soir ,une fois au lit,nassar dit à sa grand-mère « je veux thamachahout’s »

« oui setsi fatma,s’il te plait » dirent mes sœurs..

Elle commença par «Amachahou Rebbi ats iselhou, at’ ighzif atrennou ,atawadh anechth ousarou».

Un  petit Amek’sa (berger) appelé  Vrirouche faisait paître son troupeau de chèvres. Le rusé  Ouchenne ( le chacal) lui mangea une chèvre . Vrirouche en fut triste. Il rentra chez lui  ,en pleurs,les yeux pleins de larmes. Il refusa toute nourriture et se renferma sur lui-même .

sa mère ,le supplia toute la soirée « Atch,atch »  (manges,manges !) , alors pour l’obliger à avaler quelque chose ,elle ordonna  iw’ Aâkkaz (au  bâton) :
- Bâton ! Frappe Vrirouche qui ne veut pas manger.
- Non ! Vrirouche ne m’a rien fait.

la mère se tourna vers Thimess (le feu) :
- Feu ! Brûle le bâton qui refuse de frapper Vrirouche qui ne veut pas manger.
- Non ! Le bâton ne m’a rien fait.

La mère s’adressa à Amann (l’eau) :
- Eau ! Eteins le feu qui refuse de brûler le bâton qui refuse de frapper Vrirouche qui ne veut pas manger.
- Non ! Le feu ne m’a rien fait.

elle appela Azguerr (le bœuf):
- boeuf ! Bois l’eau qui refuse d’éteindre le feu qui refuse de brûler le bâton qui refuse de frapper Vrirouche qui ne veut pas manger.
- Non ! L’eau ne m’a rien fait.

Elle saisit El Mouss (le couteau) et lui dit :
- Couteau ! coupes les oreilles du veau qui refuse de boire l’eau qui refuse d’éteindre le feu qui refuse de brûler le bâton qui refuse de frapper Vrirouche qui ne veut pas manger.
- Non ! Le veau ne m’a rien fait.

Elle est allé chez Ahedadh (le forgeron ):
- Forgeron ! Brise le couteau qui refuse de trancher les oreilles du veau qui refuse de boire l’eau qui refuse d’éteindre le feu qui refuse de brûler le bâton qui refuse de frapper Vrirouche, qui ne veut pas manger.
- Non ! Le couteau ne m’a rien fait.

La mère appela la corde :
- Corde ! Ligote le forgeron qui refuse de briser le couteau qui refuse de trancher les oreilles du veau qui refuse de boire l’eau qui refuse d’éteindre le feu qui refuse de brûler le bâton qui refuse de frapper Vrirouche qui ne veut pas manger.
-Non ! Le forgeron ne m’a rien fait.

Elle ordonna à la souris :
- Souris ! Ronge la corde qui refuse de ligoter le forgeron qui refuse de briser le couteau qui refuse de trancher les oreilles du veau qui refuse de boire l’eau qui refuse d’éteindre le feu qui refuse de brûler le bâton qui refuse de frapper Vrirouche, qui ne veut pas manger.
- Non ! Non ! La corde ne m’a rien fait.

La mère enjoignit au chat de la voisine de croquer la souris.
- Miaou ! Avec grand plaisir, dit le chat qui s’avança vers la souris.

La souris prit peur et se dirigea vers la corde. La corde, à son tour, se dirigea vers le forgeron. Le forgeron se dirigea vers le couteau. Le couteau se dirigea vers le veau. Le veau se dirigea vers l’eau. L’eau se dirigea vers le feu. Le feu se dirigea vers le bâton et le bâton se souleva pour frapper Vrirouche. Enfin, Vrirouche se mit à manger.

Il devint si grand et fort que jamais plus Ouchenne ne lui dévora une chèvre de son troupeau !

Thamachahut’s iw elouad elouad bightsid iwarach n’ ledj’ouad,Ouchenn ath yeqedh Rebbi,nakni agh’ yaâfou Rebbi..

«  Mon conte merveilleux court de rivière en rivière, je l’ai raconté  à des enfants, que Dieu maudisse le chacal et nous bénisse ».

 

maison kabyle et thimouchouha

21/12/2020 11:06 par sidilhadi

  • maison kabyle et thimouchouha

    maison kabyle et thimouchouha

    21/12/2020 11:06 par sidilhadi

«Amachahou rebbi ats iselhou,at'ighzif anechth ousarou» = Ecoutez, je vous conte une histoire, Dieu fasse qu’elle soit belle, longue et se déroule comme un long fil..
J’ouvre une Parenthèse pour situer l’histoire :
….La maison de Kabylie était composée généralement d’une grande pièce polyvalente, avec le kanoun au centre.. Adaynine,(étable) au dessus de Thârichth (mezzanine) , bordée d’ ikouffane pour stocker thazarth, (figue sèches) et l’autre pour le blé (irdhen) .Ces jarres sont construite en argile, avec un orifice de face. Ache’vali ,posé à terre,est un autre type de jarre de taille moyenne, servant de réserve pour l'huile d’olive.on ne connaissait pas l'huile "sann-gou" (sans gout)..
Au coin, près de la porte Elvila (grande cruche en argile) qui sert à stocker l’eau ramenée de Timedwin ,la fontaine du village,ou d’Ouaini fontaine du clan Nath Sidi Lhadi.
« A Taourirt Il existait un autre point d’eau appelé Amdhoun Nath A3mar.Un jour, ne donnant pas assez d’eau, des querelles éclatèrent entre villageois ce qui fit sortir Sidi Lhadi de sa khalwa (endroit isolé de méditation, à Ighil Ouaini).Il jeta sa vénérée canne vers le ciel, elle retomba plusieurs lieues plus bas et fit jaillir une fontaine intarissable Thimedwine ! »
du côté de Tasga ,mur opposé à l’entrée, Azetta ou métier à tisser, dressé pour une épaisse couverture (A3dhil) qui entrera dans le trousseau de la prochaine mariée.
On entend les filles papoter tout en s’appliquant à bien faire, l’une est à démêler ,ou plutôt peigner (Imchadh) Thadhout’ ( laine de mouton) avec Aqardhache, cardes (le cardage)..
L’autre ,file au fur et à mesure la laine, pour en faire une pelote,prête à tisser.
La grand-mère et la mère s’affairaient à tisser ,en tenant fortement et de la main droite « obligatoirement » la poignée en bois du lourd peigne en acier,Thimchatt, elle tassent et retassent, les fils de laines entrecroisés délicatement mais sûrement, les uns après les autres.Dans le coin le berceau,fait d'une roue de vélo suspendu par une corde à Assalas,(poutre) attaché à un cordon que l'on tire de loin,pour bercer l'enfant..
Les femmes forgent ainsi leur valeur par la force de leur travail et l'habileté de leurs mains.
[j’ajoute que pour une femme , avoir le courage de monter sur le toit vétuste, pieds nus, pour dégager la neige de peur que la vielle maison ancestrale ne s’effondre sur ses enfants !!
Mon Dieu ,qu’elle fierté de me souvenir de ma mère, cette femme à tout faire ,sans se plaindre, jamais !(Akem Yr’Ham Rebbi Ayemma).
Quoi que l’on puisse faire, jamais, mais alors jamais nous ne pourrons récompenser une mère à sa juste valeur].
Si vos maman vivent encore, alors tout au moins respectez-les !!
Thinebdathin,c’est le mur portant l’entrée, un porte litière couvert ,contre les gouttes d'eau venant du plafond rudimentaire, par une grosse brache,est suspendu à assalas de ce côté.
du bois d’ass'len, d’oulmou, d’as’ghersif ou de thavelout, (orme,frêne,églantier..) entassés dans un coin préparé pour le feu.
La nuit tombé, on se regroupe près du feu pour le dîner.
L’unique et large assiette en terre cuite (el meth’red),bien remplie de berkoukes ou des petites billes de patte en forme de petits plomb ou plus explicitement espèce de gros couscous, dans une sauce rouge composée de louvian vou thimitt (hariots secs), petits poids,fèves sèches,oignons,,de la graisse, dans d’autres région on dit avazine, m’hamsa avec sauce rouge ou blanche.
La sauce dans Thougui prélevée avec Aghoun’ja (soupière et louche) ,reste à chauffer sur le kanoun (trépied) en fer au dessus d’un trou rond d’un diamètre de 30 cm et une profondeur de 20 cm, plein de braise avec des buches enflammées,posée tout autour. Chacun reçoit sa cuillère en aluminium.
Pour l’eau un broc en tôle émaillée,avec le dessin de tranches de melon.
Nous mangions à même le sol , sur Aguerthile ( natte tressée).
Je ferme cette parenthèse sur la maison Kabyle et de la vie misérable, soit mais pleine de satisfactions arrachées à la force de labeur et de courage .Le respect,la solidarité,la dignité et l’honneur ont forgé ce peuple.

la France de mon enfance

09/12/2020 11:55 par sidilhadi

  • la France de mon enfance

    la France de mon enfance

    09/12/2020 11:55 par sidilhadi

J’ai vécu à Fort National de 1958 à 1964, que je considère encore être la France de mon Enfance. Fort National devenu Larbaa Nat Iraten renferme des souvenirs d'une merveilleuse enfance, que nulle ne pourrais revivre, ailleurs...c'était la France de mon enfance. Didick (sedick) le quolibet que mon père aimait prononcer, pour appeler son petit garçon ,qu'il a eu à plus de 50 ans. Nous habitions juste en dessous de la sous-préfecture qui servait aussi d'Etat civil. Mon père et mon frère aîné y travaillait. Je suis né à la fin de l'été, quelques mois avant la guerre de libération. Quatre ou cinq ans plus tard, nous déménageâmes vers fort National où mon père trouva du travail, durant ces années de disette. Nous vivions dans un appartement à l'étage sur la grande rue à quelques encablures de la Porte d'Alger qui se refermait dès 17h et ne s'ouvrait que le lendemain vers 6h, sauf, bien sûr pour les habitants ou ceux qui y travaillaient, ou munis d’un « laissez-passer ». Je me souviendrais de tous mes petits copains, de mes instituteurs, messieurs, Brunel, un militaire Français à la classe près de l’Eglise (devenu superette), Mr BoumendjeL, dans les préfabriqués du souk, en bas de la porte de Michelet,où chaque matin on nous distribuait du lait au chocolat avec un gros morceau de pain, il y avait même une cantine à midi. Ensuite Mr Amara à la rue d’en Haut, tout près de la menuiserie et bien sûr le moniteur Ahcène pour l'éducation physique. Le directeur de l’école Da Mebarek Ouar ayant remplacé Mr Mouloud Feraoun,quelques années auparavant. Comment oublier tous mes petits copains, Ferhat,Abdellah,Salem (Djebbar) avec lesquels on se faufilaient pour entrer chez Da belaid jouer au baby-foot, Arezki (kiki), Lounas, Omar (Issad) Ahcene, Hamid (Ferani-Achataw), Salah Rehab, Mustapha et Mehdi (Hannachi),Mohand (mon cousin), Roumane, Chenoun, Hamiti, Mouzaoui, Chalah, Lefgoum, koli, et bien d'autres dont j’ai oublié les noms, ainsi que mes copines, Anne Lebrun, ma voisine, son père tenais un bureau de Tabac,Marie (fille su sous-préfet), Malika.. Je n’oublie pas Da Châvane (manchot) et ses glaçons de grenadine. Les Hamraoui (épicier), Maaloum, (Boulanger), Zouak (boucher), Yataghen où l’on m’a acheté mon vélo. Hadjares le photographe, Da Ouramdane (le crémier). Et Monsieur Guers avec sa vitrine pleine de cadeaux et de jouets, je restais des heures, le visage collé, à contempler tous ces jeux. Plus loin le mess des officiers, avec les bals du samedi-soir et la musique lancée à fond. la place de la mairie avec tous les discours à la foule rassemblée. Les docteurs, Frapoli et Marantini. Le curé et ses cochons roses. L'église, la caserne. Le stade avec mon frère dans l'équipe locale et aussi jean louis, le martiniquais en gardien de but. « Le ballon dans les filets, Jean-Louis n’a pas plongé ».Les remparts avec des abris un peu partout. cette grande mairie me rappelle les pompiers, mitoyens, le père de mon copain Kiki était chauffeur de la grande citerne. Je me souviens un peu plus du fourgon Citroën, le jour où il nous a emmené vers la sortie. Il a garé à l’écart, juste à l’emplacement de l’actuelle pompe d’essence. Nous jouions à le conduire et le frein s’est déclenché subitement, c’était un long bras en métal terminé par une sorte de poignée, ressemblant à celle d’un vélo. Fort heureusement, les gens ont accourus de toutes parts et jeté sous les roues tout ce qu’ils trouvaient à portée de main, un jeune homme a pu grimper et arrêter le véhicule. Da Mohiédine, nous a grondés et ramenés à la maison. Je n’ai pas oublié le chauffeur d’Autobus, que l’on attendait, en fin d’après-midi, Monsieur Gérard, son autocar peint en noir et blanc, il faisait -Fort National-Tizi Ouzou-Alger. Lorsque les voyageurs on finit de descendre, on y grimpait avec mes copains, pour accompagner le chauffeur et le mécanicien, à la station d’entretien, située juste avant à la porte de Michelet sur la droite, dont il reste le mur en pierre taillées. Nous l’avions le bus et il nous gratifiait de bonbons. Et la mission des pères blanc, lieu de l’actuel Hôpital, ce bassin d’arrosage du potager, que l’’on appelait piscine. Je me suis retrouvé noyé en essayant de sonder le fond avec un roseau. On m’a vite ressorti et retiré mes vêtements mouillés, on m’habilla d’un maillot de bain, en léopard, trop large pour moi. Je rentrais à la maison le caleçon d’une main et de l’autre je tenais mes vêtements ! Je me souviens des batailles rangées de la rue d'en haut contre la rue d'en bas. Notre chef de bande fût Lounas Issad.la rue d'en bas avait le fils du commissaire, le gros Stéphane, comme chef. La photo que vous voyez, c’est la montée vers la rue d’en haut qu’on appelait, « la Rampe du Maréchal » où l’on se regroupait les après-midi du ramadhan, pour voir les grand s'affronter à la "Tombola" sorte de biscuit cachant la mention "gagné et perdu». On nous gavait des gâteaux « perdu », en attendant la fin du jeûne. ....

DC de Yemma

09/12/2020 11:30 par sidilhadi

  • DC de Yemma

    DC de Yemma

    09/12/2020 11:30 par sidilhadi

2 décembre …27 ans, que tu es partie, Yemma.

Je commençais à peine mes 40 ans, lorsque ma mère s’est éteinte, un matin, dans mes bras, entourée de ses poches. Elle avait 82 ans. Elle nous avait fait promettre, que quoi qu’il puisse lui arriver, de ne pas l’hospitaliser et  de ne pas lui faire rompre le jeûne du Ramadhan, même pour un remède.

La promesse a été tenue, Allah a voulu qu’elle meure en paix, dans son lit entre ses enfants, le deuxième jour de décembre 1993.Elle s’était préparé à partir, avec une  piété sans faille, responsable dès 9 ans, sa mère décédée, son père parti en France, sans retour, elle avait la charge de son demi-frère de 5 ans..

Mariée quelques mois plus tard (mon père avait juste 13 ans).Elle a eu la chance Qu’Allah lui a donné une autre famille, qui l’a choyé plus que tout.

Son beau-père était l’imam du village de Taourirt, sa mère une femme connue pas sa sagesse et ses conseils, elle était sollicitée de tout l’ârche des Ath Menguelath, La Fadhma.

..Pourtant J’avais bien accepté le décès de mon père, j’avais à peine 13 au début de l’année 1967...

Je n’avais pas trop de peine, car j’étais habitué à ne le voir que son jour de congé. Il sortait dès 4 heure du matin et ne revenait que tard dans la soirée…je dormais.

Le jour de sa mort, au moment de retourner au collège, il m’appela et avec un geste me désigna la poche de sa veste accrochée derrière la porte de la chambre. J’y trouvais deux pièces d’un dinar. Il me fit signe de les prendre. Je lui fis un grand sourire. Vers 15 heures  le directeur du C.E.G est venu m’avertir de sa mort.

Deux heures plus tard on prit le départ pour Taourirt. A notre arrivée, la nuit tombée,  les gens du village nous attendaient, ils nous témoignaient leur sympathie et transmettaient leurs condoléances.

Le tombeau a été déjà creusé !

 

Il a fallu pour ma mère d’user d’un stratagème, pour m’occuper et m’éloigner de ces rites funéraires. Elle  avait demandé à une de ses amies  (Nath Messaoud) de me garder  pour m’éloigner de ces funérailles.

Cette  dame me prit chez elle, j’ai retrouvé ses petits-enfants, leur mère dont le mari  était  un chahid de la révolution. Le grand père, un homme de grande carrure, avec cette robustesse du Djurdjura, me paraissait sévère. On  m’a servi «  thachepatt » (sorte de corn ‘Flex de Kabylie) au beurre et lait de vache, je mangeais avec un plaisir immense, je dégustait ce met dont je raffole (j’en ai mangé juste hier).en regardant ruminer la vache à coté  nou-day’nine  edaw’ thaâricht (étable sous la mezzanine). on nous mit vite au lit et ce vieil homme a commencé à nous raconter de merveilleuses histoires.je fixait  ,ce feu et ces bûches en flammes.. je me suis réveillé au chant du coq , au bruit de la vaisselle pour le café du matin et cette vache qui broutait. Cette famille ne nous a jamais privé du lait de leur vache, ou des produits des champs et ce  dès qu’on arrivait d’Alger.

Accompagné de ses deux garçons, nous allâmes  vers un champ en bas du village.

On chassait les oiseaux, on fouillait les terriers, on fouinait çà et là  jusqu’à la prière du Asr.

De retour, chez moi j’ai remarqué le tombeau de mon père cimenté, recouvert d’une bâche verte, car il pleuvait.

Je n’ai pas oublié ce père qui m’a trop gâté, mais je n’ai pas assez vécu en sa compagnie.

C’est surtout ma mère dont je me sentais proche, elle avait des amies sœurs blanches de Ouaghzen qui venaient souvent apprendre chez elle, à faire le couscous et différentes galettes, elles lui ont appris beaucoup de choses, mes sœurs étaient aussi des élèves assidues, comme toutes les fillettes du village. Les villageoises et villageois qui sont passés par cette école d’Ouaghzen, en parlent, à ce jour, avec une grande fierté.

 Voilà donc 27 ans que j’ai perdu ma mère, qui était aussi mon amie, ma confidente, ma conseillère et ma banque, elle gardait toujours une pièce pour moi « dheg’ chiwis » (poche de poitrine, chez les femme)..Elle me fit aimer la nature, avec toutes les herbes qu’elle aimait trouver et cuire en tisanes, aimer mon village, ses gens et  la famille. elle me recommandait  d’être disponible et serviable envers tous, d’être sage et de ne pas s’emporter, car la roue tourne. La vie n’est qu’un rêve, me disait-elle…

Elle m’a même appris à jouer aux billes, à la toupie (thazar’voutt), aux osselets (el’leqaff).elle a hérité la sagesse de sa belle-mère, elle a même été la dentiste du village, avec le sel et l’eau comme seule anesthésie. Un Don de Dieu disait-elle (je garde sa pince de dentiste à ce jour)..

Quand elle s’est sentie proche de la mort, ses paroles étaient de me donner du courage et de ne pas avoir peur de la voir partir. Nous allons vers un autre destin plus magnifique me disait elle.

Ma fierté était de continuer d’être  comme elle me souhaitait. Ses dernières paroles : « mon fils ne changes pas, restes tel que tu es, tu n’auras besoin de personne».

Je suis resté tel quel, il arrive parfois d’entendre des médisances, je ne sais pas parler ou me défendre, je me fais avoir et tant mieux.

J’entends dire que je sois trop conservateur ou trop ringard (arriéré), mais on ne peut éduquer les autres. Laissez dire et passez votre chemin, vous savez ce que vous valez ,le temps fait que ces mauvaises langues se sentiront minables..

j’ai été conçu ainsi, je garde toujours ce souvenir de nos braves anciens, leur manière d’être, leurs batailles pour survivre et élever leurs enfants dans la dignité malgré les maigres moyens.

Je lui ai dit une fois : « tu nous a marginaliser avec cette timidité que nous as transmis ».Finalement être ainsi est un don de Dieu à ceux qu’il aime..

Arrivé du cortège mortuaire et du cercueil en fin après-midi du 2/12/1993,à Taourirt.

Moi,je suis arrivée deux heures en avance et j’ai demandé un rassemblement des villageois.(averrah), pour annoncer le décès de ma mère..

Mon tour de parler arriva ,je me suis adressé à l’assemblée en disant.. après Allahouma salli âla Raoussoul Allah : « cette dame , décédée me disait avec fierté ,Ath Taourirth idhi maw’lann ( les Taourirtis  sont ma famille),elle a souhaité être enterrée dans le mausolé de son Aieul (lemqam),mais certains disent que le sol serait difficile à creuser »

Da Larbi (ath yerham Rebbi) était responsable de djeddi Menguelat me répondis : « cette femme était notre mère, jamais elle n’a jamais déviée des principes de la religion, ni de sa lignée, nous l’avons tous apprécié et respecté, elle sera enterrée dans le Mausolée de Sidi Lhadi, même si le sol est en acier » ..

Elle avait demandé à Djamel  na’ Dahmane (maçon), lors de la réhabilitation du sanctuaire de Sidi Lhadi,(dans les années 80),avec l’aide de Da Belkacem nAth Yevrahim (Ath Yerham Rebbi), de ne pas doser le béton du sol du côté de la fenêtre de gauche . Je remercie Djamel d’avoir exécuté cette recommandation. Les villageois ont  creusé le tombeau en moins de 30 minutes…

Elle avait même gardé quelques carreaux de carrelage portant le même dessin !!!

Dire que ma mère m’avait fait promettre de l’enterrer avec ses ancêtres dans ce lieu sacré et à cet endroit précis. Promesse tenue, grâce à Dieu.

 

Mon Père et ma mère demeurent dans mes pensées à ce jour, ils m’ont choyé et aimé,ils ont jamais levé leur mains sur moi ,j’étais leur Amazouz, (leur dernier né) ,ils avaient plus de 50 ans à ma naissance  !!!

Parfois une larme me trahi devant mes enfants ,mes petits-enfants en les remémorant. Ainsi va la vie, bientôt sera mon tour de partir aussi…j’espère qu’Allah m’acceptera..j’ai transmis ce que j’ai pu, libres aux enfants d’en faire ce qu’ils veulent de ce butin sacré,thajadith..

Qu’Allah le Clément et Miséricordieux nous réunissent dans son vaste Paradis.

 

souvenir de la neige

07/12/2020 12:30 par sidilhadi

  • souvenir de la neige

    souvenir de la neige

    07/12/2020 12:30 par sidilhadi

La neige.
Raconter mon meilleur souvenir de la neige à mon petit-fils, revient à ouvrir des archives coloniales ?
En effet, mon père (Allah Yerahmou), dont je suis le dernier né, m’avait acheté une paire de bottes fourrées de cotons, elles étaient blanches.
A mes sœurs aussi, il en a acheté, mais d’une autre couleur. Il ne faisait pas de différence entre-nous. Dire que même pour la rentrée scolaire, lorsqu’on était arrivé à Fort National (Larba Nat Iratene), il nous emmenait, mes sœurs et moi, chez Monsieur Lugon Moulin, dans rue centrale, (c’était un magasin de vins et liqueurs et bien d’autres choses aussi) ,bien que je ne fusse pas scolarisé, il m’achetait, comme même, des fournitures scolaires, pour ne pas être jaloux de mes frangines.
Oh ! cette trousse rose,avec de petits yeux qui bougeaient.
Mais il faut souligner que j’avais le privilège d’être l’Amazouz (le benjamin) de la maison.on ne me refusait rien.
Cela va sans dire que mes sœurs étaient à mon service. Elles savaient qu’il ne fallait pas me contrarier, ma mère (as’yâfou Rebbi) y veillait. Javais même une tirelire, sorte de tonnelet avec une fente pour glisser des pièces ,avec une serrure, que ma mère savait ouvrir pour remplacer certaines pièces.
dehors ma jeune sœur était là pour me défendre.
Donc avec ces bottes neuves mes pieds étaient au chaud.
Je rappelle que l’année précédente, la neige a été précoce, on vivait encore à Taourirt, les moyens étant maigres, je n’avais qu’une sorte de sandales en cuir avec des sangles (lamivi) ,plus tard j’ai compris qu’on disait 1020 ou la-mille-vingt (le prix qu’elles coûtaient). la neige glacée y pénétrait de partout.
Je courrais me réchauffer les pieds au coin du feu, mes chaussette en laine, étaient trempées et pourtant très bien tricotées par ma grande sœur en travaux pratiques chez les sœurs d’Ouaghzen.
On disait, « j’ai tha kekouch’th » pour dire j’ai les pieds gelés. Mère faisait de son mieux pour me réchauffer. Elle avait peur que son enfant chéri, soit malade.
Je me suis plaint à mon père, de cette inconvenance.
Il avait donc tenu promesse l’année suivante en m’offrant ces belles bottes.
Nous vivions juste à l’entrée de Fort National ,à l’étage sur la grande rue, j’avais une vue panoramique.
On avait un poêle au coke ,sorte de charbon de mines, qu’il fallait acheter par sacs entiers,on avait tout un tas dans la pièce qui servait de salle d’eaux.
il chauffait très bien la maison
Ce jour, je me suis levée en même temps que mon père, qui m’a demandé de me recoucher, qu’il faisait encore nuit .Il partait très tôt et revenait très tard..
« Je voudrais voir la neige », « il neigera plus tard certainement » me répondit-il, et referma la porte doucement, de peur de réveiller mes sœurs.
Ma mère était en cuisine, elle revint se coucher près de moi.
Quand on est obsédé par la neige, on ne dort pas.
Ma mère a ouvert les volets me couvrit de son châle vert, (aussi tricoté par mes sœurs) et me fit une place près de la fenêtre.
Le jour se lève à peine que trois camions militaires garèrent en bas de chez moi avec un vrombissement fracassant qui faisait vibrer nos vitres!
Les soldats descendirent se dégourdir les jambes tout en discutant.
J’aperçu Si l’Mouloud Hadebi, montant de la rue d’en bas, interpelé par l’officier.
« Et toi viens ici »
« Je suis le chauffeur du sous-préfet, je rejoins mon travail ».
« Je suis aussi sous-préfet,montes » répondit-il avec rage !
Il l’empoigna avec force et le jeta à l’arrière du camion et démarrèrent aussitôt !
J’ai couru vers mon frère, qui dormait encore, en survêtement bleu, (il était footballeur dans l’équipe locale),ces détails me restent encore.
« vite, vite, les soldats ont emmené Sil Mouloud ».
Il courut avertir le sous-préfet, à deux pas de chez nous. (Mon père et mon frère travaillaient à la sous-préfecture de Fort National).
Ont été bouleversé, ma mère n’arrêtait pas de pleurer, connaissant la femme et les enfants de cet homme.
Mon esprit était ailleurs.Je manifeste mon mécontentement,pas de neige aujourd huit. J’ai comme même mis mes bottes et dormi avec, prêt à sortir en cas où..
C’était un mercredi, jour de marché à Larbaâ, le brouhaha me réveilla, j’adorais regarder par la fenêtre l’entrée ,par la porte d’Alger, du bétail à vendre au souk.
J’ai remarqué un attroupement de l’autre côté de la rue.
On frappa à la porte,mon frère entra et demanda à ma mère de m’habiller.
On traversa la rue et là j’aperçu Sil Mouloud, qui a accouru vers moi, me serra dans ses bras en pleurant, le visage couvert de mercurochrome : « tu m’as sauvé la vie, tu m’as sauvé la vie ».il me glissa une pièce de 100FR dans la main, d’autres ont fait de même. j’étais riche !
Sil Mouloud échappa de peu à la mort, j’ai su que les soldats se préparaient à le fusiller.
Fort heureusement le téléphone mobile militaire, avait été inventé. (C’était tout un paquetage muni d’une longue antenne que l’on portait sur le dos).
Le sous-préfet, averti par mon frère, téléphona au commandant de la compagnie de Fort National, qui de son côté ordonna par radio, à son capitaine, de relâcher le chauffeur.
J’ajouterais que ce n’était pas la première fois que Sil Mouloud me donnais une pièce, ainsi que les autres employés de la préfecture, nous vivions juste en dessous de cette administration qui était aussi l’Etat-civil, où travaillait mon frère.
On était que quelque famille à y vivre dans ce fort.
A Noel , tous ceux qui n’avaient pas d’enfants me donnaient les jouets que leur distribuer la sous-préfecture. Quelle belle enfance !
Pour information, la voiture du sous-préfet était une luxueuse Versailles noire de chez Renault, Sil Mouloud me l’avait dit, il me permettait de m’installer au volant, lorsqu’il la lavait ,une belle limousine..
Le lendemain, je trottais dans la neige avec ces belles bottes, je ne sentais pas du tout le froid. je les essuyais pour ne pas les salir.
Ma mère me surveiller de la porte entrouverte, cela me rappela que je n’avais pas encore tété !
Je n’ai arrêté de téter que bien plus tard.il en a fallu du temps et de bon nombre de stratagèmes pour me sevrer. Cela je ne l’ai pas dit à mon petit-fils.
Vola donc où est remonté mon souvenir de la neige.
Ps : merci à vous d’aimer mes textes, j’essaye de vous faire passer ce temps de confinement en réveillant votre enfance. Ce sont les meilleurs moments de la vie.

« asefqedh net? welits » ou « lamghafra »

29/11/2020 17:16 par sidilhadi

  • « asefqedh net? welits » ou « lamghafra »

    « asefqedh net? welits » ou « lamghafra »

    29/11/2020 17:16 par sidilhadi

 Parmi les traditions Kabyle pour l’Aid el Adha (Lemghafra= les visites)...
Après avoir dépecer le mouton , ce qui se fait le deuxième jour de l’Aid, séparer les morceaux à saler pour l’Achoura, définir ce qui sera donné en sadaqa et ce qui devrait être offert,le voisin en sera le premier.
on met de côté le gigot (thaqasvout) et l’épaule (thayets) suivant le cas.
Les abats, douara ,bouzelouf, constitueront les repas principaux de ces deux jours..on passera ensuite au menu viande plus tard.
Il fût un temps ou cette coutume était obligatoire! elle est dite « asefqedh net’ welits » ou « lamghafra » …rendre visite à une proche, fille, tante, nièce,cousine, qu’elle soit jeune ou vieille mariée à une famille du village ou d’une contrée lointaine… « Silat Errahim » (lien du sang) prescrit par Allah..on se doit d’y aller,quelque soit la saison et quoi que cela puisse coûter !
Jadis par manque de transport ,on voyageait à pied, cela devenait une véritable expédition avec un couffin (adhela3) bien chargé et lourd.. il fallait une monture…parfois on empruntait l’âne du voisin..
Généralement ,on fait tout pour ne pas arriver à l’heure du déjeuner,(al fadhor),ce serait mal vu !
Avant ,le père, le frère aîné, l’homme de la maison, ira seul, rarement accompagné, pour ne pas gêner les beaux-parents.
De nos jours on rempli la voiture, parfois en fourgon entier qachouch mechouch (avec toute la smala)..c’est une marque de joie,revoir cette chère parente dont le manque à la maison est devenu insoutenable..cela fait aussi une sortie pour changer la routine journalière de nos montagnes..
Donc pour une fille nouvellement mariée et pour la première année , le couffin contiendra un gigot, accompagné d’un pan (morceau) de tissu, une étoffe, qui sera d'une mesure équivalente à la taille d' une robe Kabyle..des gâteaux et autres fruits de saison ou fraîchement cueillis..parfois un bijoux en argent.. on lui glisse ,en cachette,un peu d'argent..certains ajoutent un cadeau à la belle-mère

 

Ainsi donc la première année on offre à notre fille mariée un gigot, l’année d’après ce sera l’épaule..

Mais il faut savoir que les futurs beaux- parents, rendent visite à leur future belle-fille (thislith) et cela doit se faire en toutes occasions et durant tout le temps qu’elle reste fiancée.

 ils faisaient tout pour se faire remarquer, paraître aisé et bon partenaires..

leur couffin comporterait, robe ou tissu, parfois  un bijou, beignets, gâteaux…et une « épaule » de mouton.

Ce que vous allez rembourser plus tard en visitant votre fille dans différentes occasions....

On dit aden’ghafar tha welits, on rend visite à notre proche, parfois une vielle de la famille, mais  certains oublient toutes ces dépenses, on y va juste marquer sa présence devant les alliés..

Croyez qu’il y a des personnes, malgré leur âge avancé, elles espèrent cette visite durant toute l’année, voir ses proches franchir le seuil de sa maison…même le vieux dans le coin, les voisins, voisines, sauront qu’elle n’a pas été oubliée..

De nos jours ces traditions ancestrales ont été oubliées et c’est trop mesquin !

Aujourd’hui ,on se débarrasse de cette corvée Juste par un appel téléphonique ou sms !!!

Il y a aussi lemghafra netjadith (ancestrale) les gens aimés par vos anciens et que vous devez respecter et visiter, même éloignés..

Mon souvenir, ma sincère pensée et ma grande reconnaissance va pour Da Laifa Nath Menguelath, ath yerham Rebbi, qui n’avait jamais faillit à cette tradition « d’assefqedh net’welits » (visite de la proche).

De son vivant et pour  chaque Aïd, il envoyait son fils jusqu’à Alger rendre visite à sa sœur ainée et, n’oubliait jamais de passer chez nous, rendre visite à ma mère, sans oublier le couffin avec sa part de viande…par respect à nos ancêtres…il la considérait comme tha welits en’sen (leur proche)..

Tout cela n’est une ancienne éducation, une tradition que l’on a hérité et pour laquelle je me suis toujours tenu, Dieu m’est témoin.

Hélas, les circonstances ont changées, les mentalités  ont évoluées, on devient vieux jeux, arriéré, gênant. Alors laissons  la jeunesse entrer en scène…on a fait notre temps !

comme le disait notre poupous « Irgazen ath enif a3’yan »..

 

coutumes et tradition du mariage en Kabylie

04/11/2020 17:43 par sidilhadi

  • coutumes et tradition du mariage en Kabylie

    coutumes et tradition du mariage en Kabylie

    04/11/2020 17:43 par sidilhadi

Azwadj yibass ,ahebbar miatesna!!

Ezwadj nyibwas tsekhmam ddegs assegwass!

le mariage d'un jour se prépare en 100 ans!1 ère partie..

Quand un jeune homme arrive à maturité,ou bien quand sa mère est malade et qu'il faut une aide ménagère, ses parents ne cesseront de le harceler pour qu’il se décide à fonder son foyer..« at’zew’djadh ammi » répètera sans cesse la maman, poussée par le père bien sûr, qui garde un certain respect avec son héritier et futur chef de famille.

A partir du moment que le fils accepte, les parents lancent l’avis de recherche en toute discrétion, chez les amis et la famille, pour trouver la perle rare , thametouth i mi ,une femme pour mon fils !

Jadis les pères se rencontraient au café et l’affaire était conclue devant témoins…l’âge n’avait pas trop d’importance, on cherchait une aide pour la maman.

-dire que ma mère s’est mariée à 9 ans, mon père avait 12 ans, qu’Allah les accueille dans son vaste Paradis.

Et les mariés ne se connaissaient pas,ils se rencontraient seulement la nuit de noce !

Durant l’enquête pour trouver « blanche neige » on fait de son mieux pour avoir les détails de toute la futur belle-famille.

Bien sûr il y a ceux qui suivent thajadith et recherchent des alliés avec de bonnes racines (lassell), la famille, les alliés, le nom, le comportement, l’éducation, le voisinage, tout est passé au peigne fin, en étant honorable, on veut des gens honorables.

ils y en a qui ne cherchent que l’intérêt de leurs enfants, en biens matériels, faisant fi des traditions ancestrales,ils préparent leur fille à vivre séparée, (ataâ’zell), que son mari obtienne, rapidement, sa part d’héritage (le père étant encore en vie ?) et vivre à l’écart des "vieux".

D’autres par contre, cherchent absolument que leur fille vivent avec les vieux, (im’gharenn) en recherchant leur proximité et gagner leur bénédiction

(el varaka).devenir, la femme responsable de la maison qui veillera jalousement à la nouvelle génération…

dans certaines régions, quand un jeune homme désirait demander la main d’une fille, il devait se rendre chez elle et sacrifier un mouton ou un bouc sur le seuil de sa porte sans se faire prendre par un membre de la famille de celle-ci. Alors la main de la jeune fille lui était accordée..

Encore d’autres régions, la mère du jeune homme se rendait chez un marabout, afin que celui-ci lui prépare une amulette (Harz). Le jeune homme présentait alors l’amulette à la famille de la jeune fille et généralement le père était contraint d’accepter la demande…

….Donc une fois trouvée, il faut retourner, suivant un protocole, rendre visite à la famille de l’élue.

La délégation sera un peu plus importante en femme, cousines, tantes, voisines, car c'est le moment de débattre des conditions (chorote), toutes exigences seront débattues et agréées communément..Mais entre femmes seulement !!

Cette fois , on y va pas les mains vides..et l’ on se doit d’avertir les beaux parents du jour et de l’heure du rendez-vous, car eux aussi doivent mettre en face des femmes capables de tenir tête et sachant bien parler.. bien sûr quelques hommes proches et présentables de part et d'autre ,qui resterons à l'écart..entre-hommes.

Une fois que tout est réglé à la convenance de toutes.

Des rafraîchissements, limonades et cafés gâteaux,seront servis. la date des fiançailles est fixée.

.on décidera du jour de la cérémonie des fiançailles ,du mariage et de ses règles , suivant les dispositions des uns et des autres..parfois quelques différences entre village dans le déroulement des cérémonies, mais généralement on s’accorde parfaitement.

on parlera de vêtement, de bijoux,date de la fête,protocole du mouton,semoule,huile,beurre..plus-tard on ajoutera les valises..(thivalisine) et on discutera le protocole du héné chez la mariée et du dîner,(imensi 'lhenni) ,du nombre de personnes qui assisteront,(iqafafenn), à la cérémonie,les coutumes de cortège,comment sera vêtue la mariée..plus tard la "civilisation"ajoutera les élucubrations de la salles des fêtes,des robes blanches...!

enfin,tout sera réglé définitivement ce jour!

le top est donné aux deux familles qui vont s'affairer à la préparation du mariage..Ezwadj levdda tsekhmam ddegs miya ttesna!

des volontaires ,femmes bien choisies,viendront préparer le couscous,une des tâches la plus importantes.cela prendrait environ une semaine.

bien sûr , ces rouleuses de couscous seront prises en charge

,petit déjeuner ,déjeuner,café,gâteaux à volonté et parfois elles recevront du parfum,une savonnette ,foulard ou tissu..une belle ambiance commence dans la maison..

Du côté de la marié,on prépare son trousseau..

jadis le trousseau se limitait à un coffre ,une malle en bois décorée,ou peint ,assendouq n'teslith..qui renfermait,une ou deux robes kabyle,quelques bijoux en argent,ses effets de coiffures se limitaient à un peigne,pour le maquillage,

"Tazult" extraite d'une roche noir ,"Thimmi" :une autre substance extraite d'une racine d'un frêne qu'on fait bouillir jusqu'à obtention d'un liquide marron avec lequel on dessine les sourcils ,pour tracer les yeux...Le henné : fait de fleurs séchées au soleil , pilées (dans ama'hraz=pilon) elles deviennent une poudre vertes qu'on applique sur les cheveux pour les rendre brillants soyeux et colorés.

"Agussim" :ce sont des petits bâtonnets extraits de l'écorce de noyer on l'utilise par frottement sur les gencives et les lèvres..

"Tiymumin" : des miniatures de fruits rouges des ronces (inijell) ,à appliquer fraîchement cueillis ou séchés que les femme utilisent comme fard a joue ,sur le visage et le cou , ça donne un teint vif et rouge pour paraître en bonne santé..

désolé mesdames si j'en oublie...parfois les jeunes filles sont tatouées (thich'radh,law'cham)..

aujourdhuit une trousse complète de tubes colorés,de poudres,de vernis,de teintes,de pommades...une trousse complète chinoise à bon marché,issues de différents insectes,de peau de porc,d'estomac,à base de graisse de porc, de cornes, de tissus, de tendons, de cachalots ou encore, de castors.. et autre animaux exotiques,..beurk!!

Du côté du mari on se met à rouler le couscous ,acheter un bœuf ou l’engraisser suivant le temps restant et surtout réserver idheballen ! (pour les familles aisées) sinon tout sera simplifier suivant les moyens de l’époux..

Badigeonner à la chaux (el djir) toute la maison, préparer thaâricht (mezanine) qui sera la partie réservée au couple,la literie revient à l’épouse ,elle fera partie de son trousseau..

je me souviens de ce que l’on chantait : « mathebouyagd apaillasse aghits aghits,nagh moulach oula woumits » (si elle t’apporte le matelas épouses-la,sinon pas besoin)

Préparer le burnous ancestrale, la chemise ,le pantalon bouffon, la chechia rouge. les souliers parfois arkassenn,qui vont avec..

De nos jours tout est prêt à porter ,il suffit de payer..

Suivant les villages, le mardi d’avant la fête on se rend chez la mariée pour le dîner du Héné..(on choisissait le mardi ,car correspondant au jour de marché de Michelet, cela permettait d’avoir de la viande et les légumes frais)..

Imensi lhenni..le nombre d’invité est compté et donné à l’avance..vu que le dîner est aux frais de l’époux.

Généralement il doit fournir une cuisse de bœuf (thaghma),ou mouton, un quintal de semoule, cinq litre d’huile d’olive de qualité, du beure ,légumes et fruit de saison.. selon les moyens de l’époux et l’agrément.quelques bijoux en argent,sans oublier le hene,parfum,pain de sucre,datte,figues sèches,grenades....

Une délégation choisit de parents proches, amis…y feront partie..

Après manger, un vieille femme respectée et honore pour enduire la main de la mariée de Héné,les youyous fusent, suivis de poêmes et de chants

le mariage d'un jour se prépare en 100 ans! 5 ème partie..

Le lendemain c’est au tour de l’époux de préparer sa réception d’Imensi el Henni,cela se passe entre hommes choisis.

la matinée on sort un grand plateau ( jefna tharvouth)de couscous-fèves,ou couscous-poichiche vers tajemaath ,un pour Sidi Lhadi,le vénéré Marabout, une pour Jeddi Menguelath et vers d'autres lieux sacrés ,abandonnés depuis..

le soir venu, un dîner,généralement avec douara (estomac du boeuf égorgé le matin) est préparée soigneusement avec une salade ou chorba..suivi de raisin ou pastèques ou..comme dessert..

Le vieux du village ,ou bien c’est le vénéré marabout qui va honorer la famille de sa présence en mettant le Héné au marié –isli-suivant un rituel accompagné de dou3a et de certains poèmes dédiés suivis du salut au prophète..les youyous fuseront après cette cérémonie,que les femmes poursuivront en chantant et dansant jusqu’à une heure tardive..-ourar-

Le lendemain matin, on se prépare à recevoir idheballen ,qui animeront le mariage..après le déjeuner servi uniquement à ceux choisis pour le cortège (iqafafen)..ils iront chercher la marié dans la liesse et la joie…et doum doum..et la ghaita joyeuse!

Notez que toutes ces étapes seront annoncées à la criée en allant d'une maison à l'autre, par une personne assez intelligente,au franc parler,connaissant les noms de qui appeler,les clans et les protocoles des différentes familles..

on fera de même pour le femmes, mais par une femme , qui appellera une à une celles assisterons aux cérémonies qui les concernent..

Arrivés chez les beaux parents ,une délégation sera prête à recevoir le joyeux cortège avec tous les salamalecs,coutumes et traditions ...

On déjeune ,si cela est dans le protocole agréé, sinon quelques gâteaux et boissons,café,thé, on passe à la demande en mariage,précédée d'un discours de l'imam concernant les règles et les coutumes du mariage selon la tradition islamique,qui sera faite par le père ou un membre influent de la famille de l’époux -al mowakall-vers le père , le tuteur ou le représentant de la mariée.-al wali-

vous devez savoir que parmi la délégation d'Iqafafen,(cortège) on devait obligatoirement présenter un homme fort sachant se battre,un homme riche ,un homme au franc parler, intelligent et un marabout expert en religion....on y allait à pied précédés d'un cheval ou d'une mule pour la mariée ....cela est dépassé de nos jours..on est au temps des limousines...

(*)Certains villages, emmèneront le mouton et autres condiments ainsi que les valises de la marié le jour-meme , Iqafafen ne déjeuneront pas... accompagné d’idheballen bien sûr

Arrivés d’Iqafafen chez les beaux parents ,trouveront à l’arrivée une délégation prête à les recevoir avec tous les salamalecs, coutumes et traditions ...

On déjeune ,si cela a été convenu, sinon quelques gâteaux et boissons , café, thé, on passe à la demande en mariage.

La cérémonie commence par un discours de l'imam relatant les règles et les coutumes du mariage selon la tradition musulmane ,ensuite la demande sera faite par le père ou un membre influent de la famille de l’époux -al mowakall-vers le père , le tuteur ou le représentant de la mariée.-al wali-

Suivant une formule religieuse et solennelle..

« Nous sommes venu demander la main de votre fille « x » pour notre fils « y » (en citant les prénoms) selon la tradition et la sunna de Sidna Mohamed le Salue et la paix d’Allah soit sur lui »..en répétant 3 fois !

Le responsable,le père,le tuteur de la jeune fille -al wali- répond trois fois de suite ,en présence de témoins (chouhoud)..

Que le salaut et Paix d’Allah soit sur notre Prophète Mohamed , Nous vous acceptons et accordons la main de notre fille « x » pour votre fils « y » en répétant 3 fois..

L’Imam ré-intervient et demande si le accords passés entre les deux familles,ont été respectés !

Ils répondent respectivement oui..

[Normalement,selon la religion, tout ce qui a été agréé en bijoux, vêtement et autres, doit être cité devant ces témoins,,car demain s’il y a divorce les parents de la fille peuvent ne rien rendre et dire qu’ils n’ont rien reçu !!]..

A ce moment l’imam demande de déposer la dote en argent sur la table

-Tha3mamat- (actuellement c’est une liasse de billet de banque..

Le père de la fille ne prend qu’un billet de 50 ou 100 Da..aujourd huit 1000 ou 2000 DA sans oublier de donner un billet à l’imam et à la mosquée..

[les Ulémas (3oulama de l’islam) imposent dans ce cas de gens ayant les moyens, la valeur d’un gramme d’or, à remettre strictement à la mariée].

Le cortège repart vers sa destination en emmenant la mariée,suivie de quelques cousins ou amis ,sans la mère ni le père de la mariée !

L’arrivée de la mariée thislith dans un tumulte,un brouhaha des youyou, de coup de fusils, idheballen…feront la joie des enfants du village qui suivront la mariée accompagnée par un cortège de femmes en chantant des chants spécifiques..jusqu’à la maison où l’attend la belle-mère avec soit une verre de lait ou de miel et un panier garnis de bonbons, d’amandes, de cacahuètes,que la mariée jettera vers la foule derrière elle .

jadis la mariée ramener des anses en osier (grand panier) –aqewhal- Iqachwoula,de sfendj,aheddour,makrout..que l’on distribue accompagné de lait chaud avec café suivant l'époque .aujourdhuit des patisseries,café thé et limonades.

Après la prière du Asr ,idheballen -troubadours-sortent vers tajema3t et joueront jusqu’au l'Adan du Maghreb…ils reviennent vers ighil après le dîner..les hommes dansent, tirant des coup de fusils pour marquer la liesse,les femmes regardent de loin,parfois on entend leurs youyous..une joie immense s’empare du village,jusque tard dans la soirée..parfois le Marié ré-apparait et vient danser. après s’être fait discret,toute la journée ,parfois isolé dans une maison, jusqu’à la nuit tombée..

Le lendemain matin –svouh n’teslith-..

Les parents de la mariée accompagnés de personnes choisies, viennent voir leur fille ,seules les femmes sont autorisées à entrer dans la chambre nuptiale..

un déjeuner est organisé en leur faveur,la mariée peut se permettre de déjeuner avec eux..

D’autres familles plus religieuses Imravdhen,par exemple, ne permettent qu’à la famille proche de voir leur fille..

Chaque homme doit glisser une pièces ou un billet dans la main de la mariées,actuellement disons un billet,ce qu’on appelle Thimezri-Thizri- Tawsa..en général on rend ce que l’on a déjà reçu,même en cadeaux,mais souvent un peu plus !

-[Les Algérois appelle cela f’tour el Khouara ou Tesdira..le déjeuner est offert par la mère de la mariée chez sa fille, suivi de la Tesdira, on présente la mariée ,devant une assistance féminine ,parée de ses bijoux et portant ,à chaque fois, une des robes de son trousseau]…on entend ourar el khalath-

Durant toute la semaine d’autres corvées attendent la mariée,mais elle le touchera rien,elle ne cuisinera pas,ne fera pas le ménage sauf pour sa chambre..elle change de robe chaque jours..

On sort Thislith vers Sidi Lhadi, vers djeddi Menguelath et d’autres saints connus ou lieux sacrés ,accompagnée de plusieurs femmes et de youyous suivant un rituel ancestral..de chants, soumendayer -tambourin-..elle dépose des offrandes en argent et en nourriture,parfois du couscous garnis..elle reçoit des prières,des bénédictions ,el djaoui-encens-(résine aromatique).

Isli n’échappera pas à sa corvée de payer des cafés à Michelet..

Certaines familles,à la fin de semaine ré-invitent et fêtent le septième jour -Sbou3-

sinon la vie reprend son cour dans le village et les critiques bonnes ou mauvaise commencent ,ce qui fait le charme d'ailleurs du village..il ne restera que les souvenirs suivant les époques..Fin..

PS: je n'ai pas parlé du bain (achouchaf n'teslith)) de la mariée,choses intimes aux femmes.

certaines régions ajoutent,un peu de cette eau dans la sauce composant le couscous!

je vous demande de citer le nom kabyle donné au déjeuner du Sbouh..

Ftour el Khouara pour les Algérois..

NB:en cherchant à ressembler aux occidentaux , en marginalisant nos coutumes et traditions,nous enterrons notre culture et notre histoire..

 

Naissance d'oumazouz (Sedick).

21/09/2020 15:07 par sidilhadi

  • Naissance d'oumazouz (Sedick).

    Naissance d'oumazouz (Sedick).

    21/09/2020 15:07 par sidilhadi

En Kabylie et à l’époque des années en noir et blanc, à chaque mariage ,on disait au couple de  mariés « incha Allah Amenzou nwen’ dhaq’chich »-que l’aîné soit un garçon-... la fille,était une bouche de trop à nourrir,pour ce père usé par cette période de disette, et puis le jour viendra où elle  s’en irait « remplir » un autre foyer..

La naissance d’un garçon, signifiait la fierté ,le bonheur,l’abondance pour le père ,qui a tant trimé.. mais pour le grand père, qui s’en irait bientôt , comblé d’avoir assisté à la longévité de son nom…

On détestait et même on répudiait, la femme qui n’enfantait (qui donnait naissance) que des filles !

Tout ceci pour dire qu’après deux filles, la maman angoissée, ne cessait d’attirer l’attention de la famille avec son ventre démesurément rond ..les jalouses murmuraient « taqchich’th ennidhen’ » (encore une fille)…

on épargnait à la pauvre femme, les rudes tâches du foyer, on la faisait bien manger, malgré les faibles moyens ,elle doit prendre des forces..

on distinguait  ses os saillants sous la peau, elle a trop maigrie, elle était essorée par le stress d’avoir une fille. ..le père journalier, se débrouille comme il peut,( en souhaitant avoir un héritier, qui viendrait l’aider) tentait d’améliorer le menu.. il voudrait tant exhiber sa moustache à Tajemaat..

en ces temps ,dure d’avant la guerre de libération, toutes les conversations du voisinage, étaient focalisées sur la prochaine naissance…

Les voisines, aussi peu nanties, apportaient leur soutient, qui, d’une prière, de quelques œufs ou simplement d’un fruit fraîchement rapporté  du verger…

Le jour fatidique arriva

On accoure chercher el Qav’la (accoucheuse) toujours une dame âgée et expérimentée ..

Elle se présenta aussi vite que ses frêles jambes le permirent, accompagnée de sa jeune assistante et apprentie…avec un balluchon plein de différents produits,ustensiles,gris gris pour éloigner le mauvais œil et autres démons…et la khamsa de Lala Fatima ..

Elle ausculta sa patiente, avec sa main savante, de tous les côtés, donna des ordres strictes…de l’eau chaude, des pans de tissu… et le fameux couteau, stérilisé à l’eau chaude, parfois à l’alcool, pour couper le cordon ombilical..

Aimez la page et partagez merci.

La culture et l’histoire doivent être transmises…

Des youyous stridents sortirent de la chaumière,et firent entendre de loin ,vue que Taourirt est culminante…le père, tremblotant, ne pût se retenir ,il quitta tajemaat en courant…

 

Une dame sortie répandre la nouvelle, le croisa :

« Dhaq’chiche a dhaq’chiche ,al khirik » ! un garçon,c’est un garçon,félicitations..

Le père arriva sur le pas de la porte, sa mère le gratifia d’un beau sourire.. « dhaq’chich a Mohand ammi »…sa femme s’est  évanouie,  la joie s’estompe subitement…et pour la première fois, le père appela son épouse par son nom et devant sa mère !!!

« athinath,athinath..Thassâdith, thassadith, a Thassadith »…(untelle,untelle,Tassadit..)

Elle respira profondément et ouvrit les yeux…

« C’est la joie mon fils c’est le bonheur,ammi ,thassa’âyag’d aqchich »… puis.. ce père, si pudique,devant ses parents, se mit à pleurer... !

La Fadhma ,la grand-mère, tenait le bébé ,fragile, emmailloté dans ses bras, se pressa de lui fixer la el khamsa en argent..

Le visage de Thassadit s’illumina,elle souri à son mari…chose normale vous me direz, mais  interdite à cette époque là..

« Tiens ton fils ,ammi ,tiens-le, ak’ dyoughal errouh » ..tu vas reprendre tes esprits…

« efkith ivava adh yefrah »» donnes-le à mon père ,il va être content..

Le grand père Sidhi Mohand Améziane franchit le pas de la porte, une main sur sa longue barbe blanche ,pour cacher son sourire..s’avança et pris le bébé dans ses bras..

Il baissa ses paupières sur cette larme rebelle,qui allait le trahir son bonheur..et se mit à murmurer dans l’oreille de l’enfant…

Le vieillard ,Sidhi chikh, qui était aussi l’imam du village, content de tenir ce petit-fils tant espéré, rapprocha sa bouche de l’oreille droite du bébé, on pouvait l’entendre répéter l’Adhan (l’appel à la prière)…puis continuant ce rite religieux, refit de même dans l’oreille gauche..on eut l’impression que l’enfant apprécia ,car une fois terminé, il se mit à pleurer…
Jeddiss, le tendit à la maman « akh ayelli » tiens ma fille ,c’est ton odeur de maman dont il a besoin..
évitant de lui dire, fait le téter…(tout était règlementé chez les marabouts*) la maman allongea ses bras décharnus..elle ressenti le bonheur d’être enfin délivrée de ces 9 mois de stress,de chuchotements et d’insomnie.. elle vient de remporté la partie avec panache !
« Bismi Lah ammi »…elle était comblée !
Les youyous fusent à l’entrée, les voisines arrivent, avec beaucoup de présents, de la viande grillé (akanaf),omelettes mchaoucha (galette aux œufs et miel pure),amandes,grenades,figues,et tant d’autres fruits et friandises..
*quand on sait la condition des villageois de cette époque, la grande misère que l’on vivait, on comprend ce que vaut la solidarité du clan et du village tout entier !!
l’enfant est recouvert et bien camouflé, on était un après-midi septembre , fin de l’été, il faisait un peu frisquet !
le grand frère, lui aussi précédé de deux sœurs, debout tout heureux d’avoir enfin un frère avec qui il partagera sa solitude , déposa eddouh (berceau) devant lui que les deux fillettes s'empressèrent de nettoyer et raccommoder... « qu’es ce qui nous attend avec cet enfant, qui a tenu tout le monde en éveil depuis 2h ce matin ».
« ce sera un grand homme ,comme son aieul,incha a Allah »dit le grand père imam, pour qui rien n’échappe pour remettre à tout moment,les gens sur le droit chemin. Il entendit l’Adhan de la prière de l’après-midi..
il sorti rejoindre sa mosquée pour diriger la prière du Asr..
 

 Autrefois, la naissance d’un enfant (talalit) s’accompagnait de rites et de symboles qui s’organisaient selon une logique proche de celle qui présidait à la disposition de la maison traditionnelle.

Au coeur de ce rituel, la qabla, femme en général âgée, gardienne des traditions et du savoir magique, qui remplissait les fonctions d'accoucheuse.

Voici quelques uns de ces rites:

Immédiatement après l’accouchement, on allongeait la mère sur un lit qu'une assistante de la qabla avait préparé d’avance contre le mur de tasga ou « mur de la lumière ».

Si l'enfant était un garçon:

la qabla prenait une faucille – amger – , symbole de virilité, car lié au travail des hommes, et la déposait sur le seuil de la maison, du côté droit : gher tnebdat tayeffust.

Elle posait ensuite un porte-monnaie sur la tête du garçon :

Akken at-timghur texrit-is

(Littéralement : pour que son porte-monnaie « se glonfle »)

Et pour qu’il devienne un personnage influent dans la famille : Akken adghughal d-aqerru bboukham.

Si l'enfant était une fille:

La qabla prenait un tamis – agherval – et une quenouille – tizdit – , symboles de féminité, car liés au travail des femmes, et les déposait également sur le seuil, toujours du côté droit. Elle posait ensuite sur le ventre de l'enfant une boucle d’oreille en argent :

Akken at-tesfu am lfetta (Pour qu’elle soit aussi pure que l’argent).

Et ajoutait une pincée de sel :

Akken at-tmeleh deg-gilsis, di lecghal-is, di zzin-is

(Pour qu’elle ne soit pas fade ni dans ses propos, ni dans ses gestes, ni dans sa beauté.)

Ces rites qui, dès la naissance, séparaient le garçon et la fille, le monde masculin et le monde féminin, annonçaient les deux univers qui leur correspondaient :

-Akham (maison) lieu des secrets et lieu d’intimité, domaine de la femme.

-Tajmaât (site de l’assemblée du village), lieu de la vie publique,domaine de l’homme.

Le premier jour après la naissance, tôt le matin, l’accouchée faisait sa toilette.

L’eau utilisée était chargée de signification et de pouvoir magique. Il ne fallait surtout pas la jeter n’importe où !

Si le nouveau-né était une fille, on la répandait sur la cour, afin qu’en grandissant, la fille ne s’aventure pas au-delà de la porte de clôture (tabburt bbwfrag).

Si le nouveau-né était un garçon, on répandait l’eau dans la rue.

dans d'autre region d'algerie, le nouveau-né est accueilli par des "youyous" et bien souvent, un mouton,un bouc est sacrifié pour célébrer l'évènement.
En Kabylie , après la naissance du bébé, le placenta est enterré sous un figuier. Une autre coutume veut que l'enfant soit lavé avec de l’huile mélangée à du sel trois soirs de suite… pour que le nouveau-né sente toujours bon.
Après l’accouchement, certaines familles gardent le cordon ombilical. La mère le montre à son enfant lorsqu'il a 7 ans pour qu’il se souvienne de son enfance.
Pour protéger le bébé des mauvais génies, un couteau est placé dans le lit de l’enfant . Et pour détourner le mauvais œil, les yeux du bébé sont entourés d’un trait de khôl noir .
Toujours pour éloigner les esprits malins, la mère noue à l’enfant deux fils de laine noir et blanc au poignet et à la cheville gauche, sept jours après sa naissance.(culture berbere)

-Le premier jour juste après la naissance , tôt le matin, l’accouchée faisait sa toilette.
L’eau utilisée , si le nouveau-né était une fille, on la répandait sur la cour, jusqu'à la porte d'entrée (as'qif),limite du domaine de la femme..
si c' était un garçon, on jetait l’eau partout dans la rue...extérieur domaine de l'homme.
aussi après la naissance, le placenta ( tisdar ,al mushima) est enterré sous un figuier. on garde le cordon ombilical (thimitt). (croyez que ma mère l'a gardé des années plus tard pour me le montrer puis elle l'enterra)..
on mettait aussi ,un couteau sous la literie du bébé et parfois el harz (un talisman) pour éloigner mauvais oeil et démons-..
...beaucoup d'autres coutumes ,çà et là...
Si Mohand Said, le papa ,se rendit à Michelet au marché hebdomadaire du Mardi.
ce jour et avec une certaine fierté,il va être sollicité de toutes parts..
sa mère La Fadhma ,le chouchouté encore ,il avait 51 ans...elle savait ce qui attendait son unique fils, elle l'aida en lui glissant quelques pièces dans la poche...
"rouh ammi, an'di thedidh edh'lamann" tu sera toujours en sécurité où que tu ailles"...
il se doit de payer la tournée au café Delpeche à ses amis et alliés mâles..et quelques achats au souk..
c'était un rituel auquel les nouveaux papa ne pouvaient y échapper...mabrouk par ci ,mabrouk par là...il se sentait un autre homme...
à la maison ,le remue-ménage continua...mais ..chuut,bébé dort!!
les filles aînées ,Doudouche (22 ans) et Fadhma (18 ans),déjà mariées,et anciennes abeilles des soeurs blanches de ouaghzen ,sont venues bien avant l'événement,pour aider..
elles s'affairaient à la préparation du couscous ,les deux autres cadettes 4 ans et 7 ans tournaient autour du berceau,le balançant parfois,un oeil sur leur petit frère,qui dormait profondément.elles répondaient aux ordres de leur maman
de 50 ans ,avec fierté....à suivre...

On dit que Elloufan ma dillal (le bébé quand il naît) apporte avec lui beaucoup de richesses..

Les rencontres au marché hebdomadaire,ont fait que la nouvelle s’est répandue partout  et jusqu’au au village des alliés de Tiferdoud, Ath Sidi Ahmed, Ath Meraou, Ath irathen ,Ath Sedqa…sans parler des villages voisins…

Cette famille de marabout, issue du vénéré Aieul  Djeddi Menguelath (alias Sidi Yakoub) qui donna son nom aux 3arch, ainsi que le fondateur de Taourirt nath Menguelath, Sidhi Lhadi Bouderbal, sans oublier Sidi Lhadj Lhadi Moqadem de la Rahmania , référence religieuse pour l’3arch nAth Menguelath…

aussi  lala Fadhma, la grand-mère, dont la renommée a dépassé les frontières…par sa sagesse, ses conseils et ses Du3a (prières) tant espérées…elle avait un Don de Dieu…

Il suffit qu’elle pense à quelque chose qui lui manque…et quelqu’un rentre avec !!!

Sans oublier cette Maman qui vient d’accoucher, Lala Thassa3dith,elle avait le don d’enlever les dents sans anesthésie et sans aucune douleur, juste de l’eau salée !!!

Ce clan respecté et même vénéré par certains, s’attendait à recevoir de nombreuse visites…

On  recevait les arrivants dhi lem’qam (qobba de Sidi Lhadi),les femmes seules pouvaient entrer al harra ..

les gens arrivaient avec des paniers entier de friandises, figues,grenades,raisins,miel, viande, semoule, œufs..et même iqach’woula- grands paniers en osier-, remplis de beignets, aheddour,tham’thoun’t,lemsemen, thimelaline,… beau frère Mohamed, se mit à   tirer des coups de feux avec son fusil de chasse…ce qui a réveillé le petit.. ils étaient tous heureux pour cette famille tant aimée..

...une ruche d’abeille en mouvement,les femmes chacune désignées pour une tâche précise, seksou,asseqi (sauce),lqahwa (café),latay (thé),corvée d’eau…chacune s'occupait avec joie..
les fillettes étaient affectées à la vaisselle,mais ne s’empêchaient pas de venir jeter un coup d’œil au frangin en profitant d’embrassades de nouvelles venues.. elles se débrouillaient comme des grandes ,elles voulaient qu'on le remarque!
Il fallait rassasier tous le monde, je dirais surtout les femmes, car il y avait un protocole à respecter..
La Fadhma leur faisait des prières ,elles exigeaient un morceau de sucre ou un peu de sel…il parait que cela leur portaient bonheur..
Du côté des mâles qui étaient assis de l’autre côté d’Asqif (vestibule).. ,on parlait fort et même trop fort,Si Mohand Ameziane,le grand père de son côté,interpellé
« a Chikh,a Chikh ..» ,il les remerciait en leur faisant des prières bien encensées, tout en leur indiquant de les revoir à la mosquée ,bientôt la prière du Dohr..
Le plus remarqué c’est ce grand gaillard venu de Thililith , robuste,qui avait les moustaches dépassant le visage, bien fournies et bien roulées ..plus tard je saurait qu’il s’appelait Si Sedick Nath El Makhtsar…
La journée finit dans ce tumulte joyeux ,certaines sont restées passer la nuit ,d’autres ont préféré s’en aller..
Mais chez les Kabyles en général, on se devait de garder les femmes proches pour quelques jours..
donner à chacune un présent…on les entend jurer wAllah,wAllah..les embrassades, les prières..
Car il fallait leur offrir des cadeaux spéciaux en tissus,savons,héné,sucre,oeufs… dhel'hif,époque de dure misère,même très dure..mais la coutume l’exige..
Le lendemain Si Mohand Said se leva tôt ,il chercha le livret de famille..
Il dit à sa mère,je vais aller inscrire le petit à la Mairie de Michelet..
« quel nom je vais lui donner »…

....Le lendemain Si Mohand Said se lava tôt et chercha le livret de famille..
Il dit à sa mère,je vais aller inscrire le petit à la Mairie de Michelet..
« quel nom je vais lui donner »…
« la maman sursauta ,oui appelle le « Sedick » comme l’homme fort de Tililith..
Le cousin Ahmed (Hmimi),accompagna mon père vers la ville,où lui-même était employé..
Arrivé au guichet unique Nath Menguelath et passé les salamalek ,car l’officier d’Etat civil était de Taourirt ,un voisin et ami de mon père : « alors si Mohand tu va l’appeler comment ? »…
Ahmed lui souffla : « Hadi comme son Vaillant Aïeul de la Rahmania »..
Mon père avec sa timidité maladive acquiesça et ajouta un prénom pour la Rahmania..
Je me retrouve aujourd huit avec un prénom composé que refusent les cartes magnétiques !!
Il a oublié le prénom auquel ma mère tenait tant…..Sedick ....que va t il lui dire?
De retour chez lui, il s’écria fièrement « Sedick est inscrit sur le livret »…un mensonge « blanc » que tous ont avalé..
Ce n’est que 6 ans plus tard, lors de ma rentrée scolaire en 1960, que je découvris mon vrai prénom. C’était une autre histoire…( voir FB :Taourirt Menguelat du 1 octobre 2019)..
Cet enfant, « fils du vieux » (comme aimaient à le taquiner ses copains) ,il a été choyé,on faisait trop attention à lui, gare à celles qui le réveillent, ou s’il pleure, s’il tousse, on le surveillait de très près.
Il n’y avait pas de biberon à cette époque lointaine, j' étais nourrit au sein…et j'en devenais accroc,je ne pouvais m'en passer, il a fallu des années et l'utilisation de bon nombres de supercheries et de stratagèmes pour que ma mère réussisse à me le faire détester..imaginez,en sortant de l’école, je courrais vers ma mère..pour téter..je crois que c’était vers 7 ans que j’ai arrêté..
Le garçon pouvait tout se permettre, en plus « dha mazouz »..(benjamin)…
Plus tard , Il en a fait baver à ses petites sœurs…mais elles étaient là pour lui..elles donnaient volontiers leurs part de volaille ou de viande au petit pour qu'il soit fort..(longue vie à elles).
Si Mohand regagna son lieu de travail à deux cent kilomètres du village, vers Affreville (khemis Miliana)..par amour de son fiston il réussit a trouver un poste à Fort National (Larbaa Nat Iraten) et l’on déménagea illico vers cette ville,garnison militaire Française…et une merveilleuse enfance commença pour moi..
mon père décédé,j'avais à peine 12 ans,ma mère s'est éteinte entre mes bras à l'age de 82 ans..ses dernières paroles:« mon fils ne change pas, restes tel que tu es »..
ceci donc a été tout ce qui se fait dans nos familles de la montagne pour la naissance d'un enfant mâle.
cet enfant mâle endossera à son tour la responsabilité de l'homme de la maison!
Je vous remercie d’avoir suivit mon histoire,Je prie Allah le Grand , Clément et Miséricordieux, d’ouvrir les portes de son vaste Paradis à nos parents, grand-parents et à tous nos ancêtres qui ont fait cette merveilleuse Kabylie..
 

Taourirt N-Tidhits 9 et fin

06/09/2020 15:07 par sidilhadi

  • Taourirt N-Tidhits 9 et fin

    Taourirt N-Tidhits 9 et fin

    06/09/2020 15:07 par sidilhadi

Résumé de la 8e partie n Après que El-Hadj Amrouch se fut déguisé en femme et eut traité toute la djemaâ de femme car n'ayant rien fait pour venger son honneur, tous les Aït Menguellet prennent les armes et vont vers les Aït Yahia...
En route, elle (la troupe) fut grossie des contingents des villages voisins, heureux de saisir l'occasion présente pour piller Bou-Dafal, s'agrandir aux dépens de son riche territoire et régler par la force des armes de vieilles contestations ; tous, du reste, reconnaissaient le bon droit des gens de Taourirt et avaient souffert de leur inaction en présence du viol de leur anaïa.
Comme une trombe, ravageant tout devant elle, coupant les arbres, incendiant les azibs, la colonne se rua vers Bou-Dafal. Les habitants, trop peu nombreux pour résister, avaient abandonné le village. Les envahisseurs, la torche à la main, parcouraient les rues, ils arrivèrent à la Djemâa, où ils trouvèrent quelques vieillards appartenant à la famille coupable du meurtre d'Amar Amzian, et qui s'offraient à la mort pour sauver leur karouba d'un désastre plus grand. Sans être touchés de ce dévouement, les Menguellet les égorgèrent et bientôt Bou-Dafal ne fut plus qu'un vaste brasier. Les Aït Yahia, campés sur les hauteurs, de l'autre côté du grand ravin, assistaient, impuissants, à la destruction de leur village ; bien que toute la tribu se fût rassemblée pour défendre, au besoin, le territoire d'Aït Hichem, village qui avait donné l'hospitalité aux meurtriers, elle ne se sentait pas de taille à se mesurer avec les farouches Menguellet.L'opinion publique, en Kabylie, donnait, du reste, tort aux Aït Yahia qui, ayant, en pleine paix, violé l'anaïa, paraissaient indignes de tout appui. D'un autre côté, ne pouvant, sans être taxés de lâcheté, livrer les réfugiés, ils se décidèrent à attendre, dans l'inaction, l'attaque des envahisseurs.
Elle n'eut pas lieu. Les Aït Menguellet campèrent sur le village incendié, démolissant le peu de murs restés debout, satisfaits du sang répandu, épuisant leur fureur sur des objets inanimés. Après trois semaines d'occupation, ils firent venir leurs charrues et labourèrent sur les ruines : d'un village florissant, il ne restait plus que des champs pierreux. Cet état de choses durait encore vingt ans avant la conquête française. A cette époque, les gens de Bou-Dafal, par l'entremise des marabouts, sollicitèrent des Menguellet l'autorisation d'occuper leur village et de rebâtir les maisons de leurs pères. Les haines s'étaient calmées, le souvenir du viol de l'anaïa affaibli. Les bannis purent relever leurs murs, et leur village, bien que diminué de ses meilleures terres au profit des marabouts de Taourirt, est aujourd'hui un des plus florissants et des plus pittoresques de la Grande Kabylie.
M'kabra, la chienne morte en défendant l'hôte de son maître, fut enterrée sous une pierre, à la porte de la Djemaâ, comme si elle eût été un croyant : honneur bien rare dans un pays où le mot chien équivaut à la plus cruelle injure.
Depuis cette époque, en souvenir du châtiment infligé aux violateurs de l'anaïa, la coutume sacrée par excellence, et aussi pour honorer le souvenir de la courageuse bête, le puissant village des Aït-Menguellet fut nommé Taourirt n'Tidits, le «Mamelon de la chienne.»